Un tract reçu ce matin au marché appelait « les cheminots et les enseignants » à une étrange assemblée générale dont le thème était lui parfaitement clair : les retraites. Quelques détails significatifs montraient que les distributeurs du tract avaient plus de respect pour leur cause que pour les libertés fondamentales.
J’ai jeté un coup d’œil au tract avant de le rendre, et je n’ai donc pas le détail de ce qu’il y avait dedans, mais suffisamment pour comprendre l’idée générale : pour assurer l’avenir des retraites, il suffit de prendre l’argent à ceux qui en ont trop, ces riches actionnaires du CAC 40 qui voient la valeur de leurs actifs s’envoler.
Au-delà de l’argumentaire, le titre était un appel à une assemblé générale demain soir gare de l’Est, adressée en priorité si j’ai bien compris aux enseignants et aux cheminots, sans doute parce qu’ils sont plus facile à mobiliser sur ce sujet que d’autres.
J’ai surtout regardé le tract pour savoir de qui il émanait, en vain. Pas de signature, pas de sigle. Rien. Il est vrai que j’ai regardé vite.
Dit autrement, ce tract contrevenait à l’article 3 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui oblige à préciser qui est l’éditeur, donc qui est responsable du contenu.
En dehors de cet aspect légal, le tract ne donnait aucune information à son lecteur sur les 5 ou 6 personnes qui leur adressait leur message : pas de sigle de syndicat, de parti ou d’association.
Ne disant pas qui ils étaient, les distributeurs s’étaient cependant auto proclamés le droit de décider que la réunion à laquelle ils conviaient tout un chacun était une assemblée générale, comme on imagine qu’ils se donneront le droit de l’animer (pour arriver à leurs fins, notamment en donnant la parole à leurs partisans en priorité) et de déclarer ensuite que ce qui sera décidé s’impose puisque le fruit d’une « assemblée générale », comme on pense bien représentative du peuple souverain (ou des enseignants et des cheminots, là je ne sais plus très bien).
N’ayant pas étudié à l’Université, je ne peux qu’imaginer que le type de processus que je viens de décrire ressemble à ce qu’on peut y voir en période de grèves (et je fais le pari que dès que la rentrée universitaire aura eu lieu, certains essaieront d’entraîner les étudiants dans une grève à propos des retraites).
Ce qui est sur pour moi, c’est qu’il est tout sauf respectueux des libertés.
Les commentaires récents