L’une des grandes victoires des opposants au projet gouvernemental sur les retraites est d’avoir réussi à convaincre de nombreux jeunes que leur intérêt était sur ce sujet le même que celui de la génération précédente, ce qui était pour le moins peu évident.
Je ne suis pas sûr qu’il soit facile d’imaginer à 25 ans dans quelle situation on se retrouvera à 60 ou 65 ans, mais apparemment, certains ont déjà la conviction qu’il leur sera impossible de continuer à travailler jusqu’à un âge aussi avancé. De là à penser que les modalités de leur départ en retraite se jouent aujourd’hui, il y a un grand pas que certains semblent avoir réussi à franchir
En réalité, il n’est pas raisonnable d’imaginer que les règles concernant les dates de départ en retraite de ceux qui sont nés après 1980 ou 1985 ne subiront pas quelques réformes d’ici les années 2040 ou au-delà. Croire donc que les jeunes ont a gagner ou à perdre de ce point de vue de la mise en œuvre ou du retrait de ce projet me parait résulter d’une grande naïveté.
Par contre, il est plus facile d’évaluer les conséquences à 5 ou 10 ans d’un éventuel retrait. En effet, s’il n’y a pas décalage conséquent des départs, une augmentation des cotisations parait incontournable, et d’ailleurs cela fait en pratique partie des propositions des opposants au projet.
La conséquence la plus probable pour les jeunes actifs d’un retrait du projet, c’est donc une augmentation des cotisations que j’estime d’environ 15 à 20% à une horizon de 7/8 ans, soit une perte d’au moins 1% du pouvoir d’achat. Il est vrai que ce n’est pas non plus la mort, mais on rappellera à la suite de Louis Chauvel que le maintien et la progression du pouvoir d’achat des enfants du baby boom et de leurs aînés s’est déjà fait au détriment des plus jeunes.
Dans une tribune du Monde daté de mardi, deux responsables socialistes n’hésitent pourtant pas à demander de ne pas sacrifier la jeunesse en prétendant que la réforme en cause est injuste pour les jeunes générations, qui vont « cotiser plus, avec le recul de l’âge légal » percevoir des retraites plus faibles en raison des réformes Fillon et Balladur » et ne pas profiter du Fonds de réserve « siphonné par le gouvernement ». La bonne vieille méthode consistant à tout mélanger semble encore avoir de beaux jour devant elle.
Il est vrai que le NPA fait beaucoup plus fort en affirmant sans rire sur une affichette que les jeunes ne commencent à cotiser en moyenne qu’à 27 ans !
Mais il est probable que l’argument majeur est celui de l’emploi : les opposants au projet peuvent affirmer en même temps que les seniors vont se retrouver au chômage et qu’ils ne « libéreront » plus leur emploi pour les plus jeunes. La réalité, qui va à l’inverse de l’intuition première comme souvent en économie, est que les pays qui ont le taux d’emploi des jeunes le plus faible sont les mêmes que ceux qui ont le plus faible taux d’emploi des seniors, et la France en est un bon exemple en Europe, à l’inverse de pays aussi différents que l’Allemagne, l’Irlande ou la Suède.
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