Le Monde consacrait ce mercredi une page entière aux pré retraites payées par les entreprises, phénomène pourtant marginal, comme l’article ne le faisait pas apparaître. On avait d’ailleurs là, un bon exemple de la manière dont on peut utiliser des informations justes pour donner une impression peu conforme à la réalité.
Comme l’explique l’article, les pré retraites payées par les pouvoirs publics ont quasiment vécues : elles ont été divisées par 10 en 9 ans. Les entreprises ont la possibilité de reprendre le dispositif à leur compte, ce qui signifie verser des sommes assez importantes pour chaque salarié concerné.
Le journal présente donc trois
exemples de dispositifs de départs en pré retraites maisons de travailleurs de
plus de 55 ans, dans le cadre du volontariat : chez Sanofi Aventis,
Michelin et les Caisses d’Epargne d’île de France.
La dernière colonne de l’article
aborde d’autres situations de départ, soit dans le cadre de la rupture
conventionnelle, soit dans le cadre de plan de volontariat (PSE). Dans ces cas,
les salariés concernés devenus chômeurs vont de fait se faire payer leur pré
retraite par les Assedic.
Tout cela est vrai, mais la lecture ne donne pas une idée juste de l’importance relative des deux dispositifs : les pré retraites maisons, qui font l’essentiel de l’article, ne touchent qu’une très faible partie des salariés seniors (probablement quelques milliers, il n’y a pas de statistique fiable) quand ceux qui sont aux Assedic sont beaucoup, beaucoup plus nombreux. N’oublions pas que la dispense de recherche d’emploi était encore accordée à 160 000 personnes par an en 2006 !
On trouvera dans le tableau de
bord trimestriel « activité des seniors et politique d’emploi » des
données claires sur tout cela. Le graphique de la page 31 donne une bonne idée
de l’importance des dispositifs qui se sont succédés depuis 30 ans.
L’article du Monde est illustré par deux dessins, l’un qui montre une personne partant avec une retraite chapeau (allusion à celle de certains dirigeants) d’où sort un trop plein de billets, l’autre une personne sortie violemment avec une « pré retraite chaussure » qui suggère que les seniors sortent de leur entreprise contre leur gré.
Ceux qui lisent l’ensemble de l’article comprennent que dans tous les dispositifs décrits (PSE, rupture conventionnelle ou retraite maison) les départs de font sur la base du volontariat. Les dessins ne reflètent donc pas la réalité.
Le Monde a choisi comme titre
« les seniors, variable d’ajustement des entreprises ». En réalité,
la première variable d’ajustement des effectifs chez tous les organismes qui en
ont, qu’ils soient publics ou privés, ce sont les jeunes : à travers les
CDD et l’intérim dont ils sont les principaux pourvoyeurs, ou tout simplement à
travers le recrutement, avec des années fortes et des années noires, comme les
deux dernières années pour les jeunes ingénieurs par exemple.
Les chiffres le montrent d’ailleurs, toujours dans le même tableau de bord : en page 7, on peut constater que pendant la crise, le taux de chômage des seniors, plus bas que celui de la population totale, a augmenté moins vite que celle-ci. Et dans le même temps, le taux d’activité des 55/64 ans a continué à croître.
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