Moins 30% sur le niveau des pensions, cela ne fait pas peur à ceux qui s’accrochent à la retraite à 60 ans et qui expliquent benoîtement qu’un petit effort suffira pour financer ce système, sans préciser que c’est un système où le revenu des retraités décroche nettement par rapport à celui des actifs.
Il ne suffit pas de dire que la « retraite à 60 ans est un acquis social » ou que « l’espérance de vie sans inaptitude n’est pas si élevée que cela », il faut bien pour justifier sa position prendre les chiffres qui vous arrangent. Par exemple en affirmant que 1, 2 voire 3 points de PIB en plus des 13% que l’on consacre déjà aux retraites, ce n’est pas grand-chose.
C’est effectivement ce qui ressort du tableau de financement publié page 23 du huitième rapport du COR, publié en avril. Ceux qui le mettent en avant le font sans préciser que ces chiffres correspondent à des hypothèses relativement favorables sur le taux de chômage, mais surtout avec une nette baisse des pensions, une hausse des cotisations et un report de l’âge de la retraite.
Qui précisera qu’à niveau de cotisations égales et âge de la retraite augmenté de 2 ans (du fait des âges de début de carrière, sans changement des règles), la pension serait plus faible de 30% en 2050 ?
Par contre, Daniel Cohen précisera que si on ne touche pas au niveau des pensions ni au taux de cotisation, il faudra partir à un âge augmenté de 10 ans (mais une durée de cotisation augmenté de 8 ans).
Il faut regarder page 40 les hypothèses si on ne touche qu’à un seul levier : 36% de baisse des pensions en 2050, en intégrant les deux ans d’augmentation de l’âge de départ
Mais finalement, pourquoi de telles difficultés de financement ? Pourquoi repousser de 10 ans l’âge de la retraite quand l’espérance de vie ne doit augmenter que de 7 à 8 ans ?
Il faut dire une chose : on a financé les départs à 60 ans grâce à la conjonction de deux phénomènes temporaires : d’une part les classes nombreuses du baby boom cotisaient pour les classes creuses de retraités nés avant 1945. D’autre part, les nombreuses femmes actives d’aujourd’hui cotisaient pour des retraités où les femmes ayant cotisé toute leur carrière étaient assez rares.
Mais tout cela est fini : progressivement, les enfants du baby boom prennent leurs retraites et remplacent ceux des classes creuses. Et les femmes qui ont commencé à travailler nombreuses à partir de la fin des années 60 commencent elles aussi à faire valoir leurs droits à la retraite.
Le mouvement est certes progressif : le remplacement va prendre plus de 20 ans. Mais il a déjà commencé et surtout, surtout, il est absolument incontournable.
Mais pourquoi l’entendre si la retraite à 60 ans est un acquis social ?
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