Cette remarque que des générations de professeurs ont noté sur des copies en guise d’encouragement (!), ou pourrait la retourner à l’école française que les classements internationaux ne mettent pas à une place flatteuse, à peine dans la moyenne des pays les plus avancés.
Les
dossiers de Sciences Humaines s’interrogent sur l’école française à partir des
enquêtes PISA, qui permettent des comparaisons internationales. Celles ci sont
renouvelées tous les 3 ans depuis 2000.
D’après le journaliste de
Sciences Humaines, les résultats ont été fraîchement accueillis en France, et
tous les prétextes ont été bons pour les dénigrer.
Il est vrai qu’il n’est guère
flatteur, quand on pense posséder « le meilleur système scolaire du
monde » (normal, puisque le modèle français est inégalable !). de
noter que l’on se retrouve à la 19ème place sur 30 en culture
scientifique, qu’une partie importante des élèves est larguée ou que les
écoliers français sont plus à l’aise pour reproduire des connaissances apprises
que pour les réutiliser lorsqu’elles sont sorties de leur contexte.
Mais progressivement, les chercheurs se sont heureusement intéressés à ces enquêtes, qui sur certains sujets confortaient des études françaises antérieures.
Le journaliste met l’accent sur
le lien entre inégalités sociales et réussite scolaire à travers le
positionnement des différents pays sur un tableau dont un axe figure les
inégalités et l’autre la performance en sciences : moins une société est
inégale, meilleure est son école. La France se situe un peu en dessous de la
droite de régression, ce qui signifie qu’on aurait pu attendre de meilleurs
résultats en sciences au vue de son niveau d’inégalités.
Le journaliste cite ensuite un sociologue, Georges Felousis, qui classe les pays en trois groupes :
Les pays du Nord de l’Europe sont
ceux où les inégalités scolaires sont les plus faibles
Dans d’autres pays hors d’Europe à l’exception de l’Italie, c’est l’établissement de scolarisation beaucoup plus que l’origine sociale qui différencie les performances entre élèves
L' Autriche, l’Allemagne et les
Pays Bas orientent les élèves selon des filières très hiérarchisées qui
reflètent de fait les inégalités sociales. Malgré le collège unique, le
sociologue classe la France dans ce dernier groupe.
Pour finir, le journaliste s’interroge sur les moyens de faire changer les choses et évoque plusieurs pistes qui remettent en cause le système, sa méritocratie républicaine, son système élitiste et cloisonné, ses programmes surchargés…
Revenons un peu sur quelques
idées clés du dossier
D’abord l’inégalité des résultats : 50 % des élèves français obtiennent un score excellent dans les tests, 35% ont un niveau médiocre et 15% sont très faibles.
Au delà d’un discours convenu sur
l’égalité des chances ou sur les inégalités sociales, on peut se demander
cyniquement si une telle répartition est économiquement efficace. La réalité
est que ce n’est pas le cas.
Les 15 % très faibles correspondent à peu près à la proportion des élèves qui sortent de la formation initiale sans qualification. Ce sont ces élèves qui vont nourrir pendant toutes leur vie d’adultes les statistiques du chômage, qui vont alimenter la plus grande partie des prisons, qui vont avoir besoin de l’attention des services sociaux et des différents systèmes d’allocation : un beau gâchis économique, et bien sûr un gâchis social, avec des jeunes qui vont traverser toute leur scolarité dans une logique d’échec et dont on s’étonnera qu’ils »ont la haine ». Il faudrait diviser par deux cette proportion de sans qualification et traiter les jeunes en question de manière à ne pas développer chez eux un tel sentiment d’exclusion.
Mais n’est ce pas utile de
sélectionner et de produire des très bons, qui vont tirer la croissance du pays
par leurs inventions, leurs décisions, leurs compétences aiguës ? Peut
être, mais il faut bien dire que dans ce domaine, la France n’utilise pas bien
les élites qu’elle a fabriqué : une partie se retrouve dans les grands
corps de l’Etat où le plus souvent elle gaspille son intelligence à des tâches
bureaucratiques. Une autre partie émigre dans des pays anglo-saxons où on lui
donne les moyens de travailler. Là aussi, n’y a t-il pas un beau gâchis ?
A noter justement l’opinion que
ces pays d’accueil ont de nos élites : des jeunes de très bon niveau, mais
qui ne savent pas travailler en équipe !
Pour finir, une donnée qui me
paraît essentielle : les élèves français sont deux fois moins nombreux que
dans les autres pays de l’OCDE à « se sentir chez eux à l’école ».
Deux fois moins !
J’aurais presque envie de dire que c’est sur ce point
qu’on devrait agir en priorité. Mais cela suppose qu’on s’attaque aux
sacro-saints programmes en les allégeant. Les dernières péripéties concernant
les programmes d’histoire au lycée sont là pour montrer que ce ne sera pas
évident !
Quand le principal inspecteur
général en mathématiques explique qu’il a découvert la beauté des mathématiques
au collège et implicitement que les programmes devraient permettre à
d’autres(quel pourcentage des élèves ?) de faire la même découverte, on
comprend tout le chemin qu’il y a à parcourir !
Je conclurai en revenant sur le titre : et si on encourageai les élèves au lieu de leur reprocher de ne pas avoir donner le maximum, et si on se demandait ce qui pourrait faire qu’un enfant réussisse, ce qui lui donne envie d’apprendre, au lieu de se plaindre que le niveau baisse ?
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