Interdiction de la burqa ou de la fessée, contrôle d’Internet pour lutter contre la pédophilie, pénalisation des violences psychologiques à l’intérieur du couple sont les dernières manifestations d’un phénomène inquiétant : régulièrement des libertés individuelles sont réduites pour de nobles raisons. Jusqu’où ?
Les dossiers de Sciences Humaines consacrent deux pages aux « menaces sur les libertés publiques » causées par le principe sacré de sécurité.
L’auteur,
Lydie Fournier note en début d’article des avancées depuis 30 ans en terme de
libertés publiques : l’abolition de la peine de mort puis les libertés de
circulation et de travail au sein de l’Union Européenne, lutte contre les
discriminations ou le harcèlement, droit au mariage et au divorce, etc.
Mais elle poursuit en pointant
les menaces pour les libertés due à l’émergence de ce qui semble devenir une
priorité, un principe sacré : la sécurité. Cela se traduit aussi bien par
des réglementations protectrices (vaccination obligatoire par exemple), que par
le développement de la vidéo surveillance et du fichage.
L’auteur note que les
sans papiers sont les premières victimes de la montée sécuritaire.
Elle donne la parole à plusieurs
juristes qui s’inquiètent de cette évolution. Didier Tabuteau note que le
principe de précaution peut conduire à un contrôle généralisé de la société,
dans le cadre d’une société qui a fait du risque une priorité politique. Pierre
Olivier Sur estime que « ces réformes menées à coup de chocs émotionnels
conduisent à une impressionnante marche arrière en termes de libertés
publiques »
L’auteur conclut en citant Tocqueville et en pointant un risque d’infantilisation du citoyen, risque dénoncé par les libéraux. « Comme le rappelle le juriste Nicolas Molfessis, les risques seront toujours plus nombreux que les réglementations : rechercher le risque zéro est un projet sans fond, dont le coût en termes de libertés publiques sera toujours plus important.
Faut il donc s’inquiéter ? Un de mes amis trouvait déjà il y a une trentaine d’années que l’obligation du port de la ceinture est une atteinte aux libertés. A l’époque, il y avait d’autant plus débat que si la ceinture sauve des vies, il y a des cas(nettement moins nombreux bien sûr) où elle est au contraire la cause de la mort.
L’article évoque aussi la vaccination obligatoire. Celle ci a un caractère différent du cas de la ceinture puisqu’elle ne conduit pas seulement à sauver les vies de ceux qui sont vaccinés : une vaccination générale finit par aboutir à l’éradication de la maladie. Cela a été le cas pour la variole, justement la maladie qui a donné le nom au mot vaccin du nom de la variante de la variole qui affectait la vache !
Certains
justement refusent la vaccination parce qu’elle comporte des risques, ce qui
leur permet de bénéficier de l’effet de disparition de la maladie due à la
vaccination des autres, sans en partager les risques : quand le discours
sur les libertés cache un solide égoïsme !
L’interdiction de fumer dans les lieux fermés publics procède d’une autre logique : les fumeurs, parce qu’ils sont victimes d’une addiction, ne respectent pas les non fumeurs de leur voisinage. Il a fallu montrer que ces derniers sont victimes du tabagisme passif pour aboutir à une interdiction fragile et qui ne satisfait évidemment guère les plus intoxiqués.
Le problème
change d’allure quand on commence à entrer dans l’espace domestique, comme
c’est le cas avec la fessée, les violences domestiques ou la sécurité des
piscines. Demain, des contrôleurs assermentés viendront ils vérifier la
sécurité électrique de nos habitations, devront nous produire avec la taxe
d’habitation un certificat en ce sens comme c’est le cas pour les voitures avec
le contrôle technique ? Allons nous devoir prouver que nous mangeons bien
5 fruits ou légumes tous les jours ?
C’est sur cette notion de l’espace privé que l’auteur de l’article invoque Tocqueville qui craignait la mise en tutelle du citoyen sous prétexte de maximisation des services. Après tout, on saisit déjà des ordinateurs personnels pour savoir si leur propriétaire regarde des images pédophiles ! Et demain ?
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