L’école d’économie de Paris donne dans sa première lettre la parole à deux économistes pour éclairer le débat sur les retraites. Chacun aborde de manière intéressante un des aspects spécifiques du dossier, celui du travail des seniors pour l’un, celui du calcul des droits pour l‘autre
Merci d’abord à Stéphane Ménia d’Econoclaste pour avoir signalé cette première lettre.
Jean
Olivier Hairault aborde la question du taux d’emploi des seniors,
particulièrement faible en France au regard de ce qui existe dans d’autres
pays. Il note un décrochage à 57 ans sous la forme d’un baisse de 20 points du
taux d’emploi.
Il l’explique par deux facteurs :
D’une part le système
d’indemnisation chômage conduit à des pré retraites déguisées et il est utilisé
comme tel par les acteurs (entreprises et salariés) pour gérer les difficultés
d’emploi.
D’autre part les anticipations d’une fin de carrière autour ou avant 60 ans pèsent sur les comportements des acteurs concernés, dans les moyens mis en œuvre pour gérer leur carrière ou trouver un nouveau travail : à quoi bon se mobiliser pour deux ou trois dernières années de travail ?
De leur
coté, Antoine Bozio et Thomas Piketty remarquent que les règles de calcul du
montant des retraites, de base et complémentaires, produisent de l’illisibilité
pour les salariés et cachent des différences de traitements injustes (en
particulier une redistribution des pauvres vers les riches !).
Ils proposent la mise en place
pour tous d’un système de comptes personnels dit notionnels, qui permet de
calculer les pensions en fonction du montant des cotisations (ou de périodes
donnant droit par exemple en cas de chômage) et de l’espérance de vie au moment
du départ, système qui a été mis en place en Suède.
Deux remarques concernant le
premier article avec lequel je suis globalement d’accord.
D’abord pour noter que la suppression progressive de la dispense de
recherche d’emploi modifie l’effet relevé du système d’indemnisation chômage
sous forme de pré retraite. Il est difficile de savoir quel sera l’effet exact,
mais il est sûr que cette suppression modifie l’affichage du système vis-à-vis
des acteurs.
Ensuite pour rendre à César ce
qui est à César et à Éléonore Marbot la paternité de ce qu’elle a appelé dans sa thèse écrite en 2001 le sentiment de fin de vie professionnelle. On
trouvera donc ici la description qu’elle fait du phénomène.
Également deux remarques
concernant le deuxième article.
La première pour souligner que la
diversité des systèmes et leur manque de visibilité sont un problème majeur de
cette réforme. Au-delà du fait que les français n’ont pas vraiment envie de
travailler plus, ils ont le sentiment (en partie justifié, pas forcément autant
qu’ils le croient) que le système est injuste.
La deuxième pour noter que le septième rapport du COR paru en janvier 2010 a longuement étudié le système notionnel et la possibilité d’une transformation du système actuel dans ce sens. Cela n’est évidemment pas simple, mais il est possible que ce changement soit l’occasion de mettre en place le système universel que j’appelle de mes vœux. Il est cependant à craindre que la difficulté à comprendre les nouvelles règles soit un frein infranchissable à la création d’un consensus pour l’adopter.
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