Je lisais ce matin dans une salle d’attente et une vieille revue un entretien avec Jean Louis Bourlanges, lequel se désolait d’un trop faible attachement de notre génération à l’idée européenne. Et cela m’a aiguillé sur cette question de l’identité nationale : si je me sens français, puis je me sentir aussi européen, voire citoyen du monde ?
Si je remonte haut dans mon arbre généalogique, je ne trouve que de « bons » français. Chaque génération vit dans la même zone que la génération précédente, parfois le même village, parfois celui d’à coté. Au dix neuvième siècle, cela bouge plus, d’une région à l’autre, de l’Ain à l’Yonne, puis à Paris, où se rejoignent mes 4 grands parents, issus de quatre régions différentes.
Dans ces conditions, l’identité
de mes parents est à la fois parisienne et française. Cela ne les empêche pas
de donner le jour à leurs 5 aînés en Allemagne, puis de revenir dans ce Nord où
je vais vivre toute mon enfance, puis mon début de carrière, avant d’aller à
Lyon puis à Paris. Pour moi aussi, l’identité naturelle est française plus que
régionale. Même si je vis et travaille à Paris, je compte des amis, des
attaches, de la famille dans toute la France.
Mais j’ai aussi eu l’occasion de
visiter beaucoup de villes européennes : Florence, Prague, Bruxelles,
Oslo, Berlin, Amsterdam, Barcelone, Rome, Copenhague , Athènes…Dans beaucoup de
musées, j’ai retrouvé les traces d’une civilisation commune, la même histoire,
le même développement des arts et des sciences que j’ai retrouvé à Chicago avec
les tableaux d’impressionnistes.
Tout cela crée forcément un
sentiment de proximité. Mais la nouvelle génération va plus loin : deux de
mes nièces ont épousé des africains, une autre fait ses études à Dresde, un de
mes neveux a épousé une espagnole et vit à Madrid, un autre vit avec la fille
de Polonais immigrés, la fille d’un de mes meilleurs amis vit avec un australien
et vient de m’annoncer que sa cousine épouse un anglais. Un de mes amis s’est marié en Alabama…
Je pourrais continuer ainsi : la liste est longue. Nos grands parents sont passé d’un horizon local puis régional à un horizon national. L’horizon international qui existait déjà depuis de nombreux siècles mais était réservé à une toute petite minorité est devenu banal. Les échanges sont permanents, des dizaines de millions de français passent quelques jours ou quelques semaines chaque année dans un autre pays, et nous accueillons des dizaines de millions d’étrangers pendant le même temps.
Je ne sais pas si nous pouvons définir précisément notre identité internationale, mais je suis sûr d’une chose : elle est déjà là !
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