Une salariée de banque en grève m’a remis dans la rue un exemple de fiche de paie, censée j’imagine montrer la légitimité du mouvement en cours pour demander une revalorisation des rémunérations. Au moins une information détaillée pour comprendre leur situation !
Une marque manuelle attirait l’attention sur le niveau des salaires bruts et nets, respectivement de 2010.57 et 1461.65 €. Les retenues salariales sont élevées à 548.92 € soit 27% du salaire brut, en raison d’un prélèvement de 57€ pour la part salariale des titres restaurant et 53.84€ pour une reprise avance RBA que je n’ai pas comprise.
La personne concernée était indiquée manuellement comme ayant 37 ans d’ancienneté à LCL . Sa fiche de paye fait mention d’une fonction de conseiller commercial et d’une classification de technicien de la banque niveau D.
La convention collective précise page 101 qu’un chargé de clientèle particulière peut être classé entre C et H quand un chargé d’accueil et services à la clientèle peut être entre B et G. Il est probable que le niveau D corresponde au plus bas niveau pour des personnes d’une telle ancienneté et il parait logique que les syndicats aient plutôt choisi de montrer un tel cas pour leur publicité qu’un autre, mais cela reste ici une supposition.
La question qui vient immédiatement est de savoir s’il y a d’autres éléments de salaire dans l’année. Le brut cumulé sur 10 mois (21008.84) apparaît en effet supérieur de 1680.94 € à 10 fois le salaire mensuel brut du mois d’octobre (1932,79)
. Il y a donc déjà eu en cours d’année l’équivalent d’un peu moins d’un mois de salaire supplémentaire. La convention collective prévoit qu’un treizième mois égal aux mois normaux est distribué fin décembre. Notre conseillère aura donc sur l’année encore l’équivalent de 3 mois, ce qui l’amènera à 26 807.21, sans compter la prime de transport (23,94 par mois) et la part LCL pour la mutuelle (14.31 par mois).
La convention collective prévoit page 103 pour la catégorie D un minimum annuel de 18 467, minimum qui passe à 20 080 pour ceux qui ont au moins 15 ans d’ancienneté. Le salaire ici présenté se situe donc 33% au dessus du minimum avec 15 ans d’ancienneté.
Faisons maintenant des comparaisons avec la rémunération dans le privé. L’INSEE a publié une étude sur les salaires en 2006 qui donne un salaire mensuel moyen de 2583 en brut et 1941 en net (soit 75% du brut).
Admettons une dérive de 5% sur 3 ans : le salaire de notre conseillère est équivalent à un mensuel de 2006 de 2125 en brut et 1594 en net ce qui la situe un peu au dessus de la médiane qui se trouve à 1555 en net. C'est-à-dire que sa rémunération est supérieure à celle de la moitié des salariés.
La même étude situe le salaire moyen des employés à 1791 € en brut et 1361 en net : notre conseillère se situe environ 18% au dessus de cette moyenne
Cette analyse rapide donne le résultat que nous imaginions : les salariés des banques sont assez nettement mieux payés que la moyenne.
Le mécontentement de ces salariés sur leur salaire peut cependant s’expliquer pour trois raisons
D’abord, il est possible que les salariés des banques, en particulier ceux aux salaires les plus bas, subissent la même évolution que l’ensemble des classes intermédiaires de notre pays. Une étude récente de l’INSEE montre en effet que le revenu des 10% les plus avantagés et celui des 10% les moins avantagés augmente plus vite que la moyenne, alors que ceux qui se situent dans les déciles intermédiaires entre les moins rémunérés et la médiane voient leur situation relative se détériorer.
La deuxième raison est que les employés de banque au contact des clients ont subi une fin d’année 2008 (et peut être au-delà) très difficile, les clients leur faisant ressentir leur animosité envers le rôle tenu par les banques dans le déclenchement de la crise.
La troisième raison est que les banques ont repris comme avant les super bonus pour les traders ou les stocks options pour les dirigeants, ceux qui ont provoqué la crise et dont ils ne se sentent guère solidaires.
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