Au-delà des évolutions conjoncturelles du chômage, la manière dont celui ci affecte différemment les âges et les sexes se transforme lentement. Ces derniers temps, la place des femmes a basculé et le taux d’activité des seniors évolue enfin.
Le taux de chômage(on ne parlera ici que de la première catégorie) a été stable à 9.1% au troisième trimestre 2009. On trouve ci dessous le nombre de chômeurs hommes
La baisse du taux d’emploi sur un an cache une évolution différente selon
les sexes et les âges : elle affecte beaucoup plus les hommes que les
femmes, et le taux d’emploi des seniors augmente, en particulier pour les 55/64
ans.
C’est l’occasion de regarder les
évolutions sur beaucoup plus longue période, l’INSEE nous fournissant les
chiffres depuis 1975. On trouve d'abord ci dessous les taux d'activité selon les âges, d'abord pour les femmes, ensuite pour les hommes
L’évolution du nombre de chômeurs de 15 à 24 ans marque un pic à 920 milliers au 3ème trimestre 1984, pic qui a conduit à la création des TUC (travaux d’utilité collective) par un décret du 16 octobre 1984, premiers d’une longue série de systèmes d’emplois aidés pour les jeunes.
On ne reviendra pas ici sur les limites du système. On peut seulement constater que depuis, le nombre de jeunes chômeurs est revenu à un niveau nettement plus faible, se situant en gros selon la conjoncture entre 400 et 600 milliers. Il se situe au 3ème trimestre 2009 à 652 000, montrant une fois de plus que les jeunes souffrent particulièrement des périodes de crise de l’emploi.
Il faut noter au passage que le taux d’activité de ces jeunes(qui regroupe ceux qui sont en emploi et ceux qui sont au chômage) a nettement baissé entre 1975 et 1997 (pour se stabiliser à peu près depuis), passant pour les hommes de 60.6% en 1975 à 38.0 en 2008, sous l’influence de l’allongement des études. (par contre, la suppression du service militaire ne perturbe ni les résultats absolus, ni la différence d’activité entre femmes et hommes).
La tendance est toute autre pour les seniors (ici les plus de 49 ans). Le taux de chômage des seniors est resté inférieur à celui de la moyenne de la population pendant toute cette période.
On comprend que les mécanismes de protection liés au statut
(fonctionnaire, CDI.) jouent à plein pour cette population, par contre
particulièrement discriminée à l’embauche : quand un senior perd son
emploi, il lui est beaucoup plus difficile qu’à un jeune de retrouver un
travail, et donc les durées de chômage sont plus longues.
L’évolution depuis 1975 est
cependant particulièrement préoccupante puisque, au-delà des variations
conjoncturelles, on ne peut que constater une tendance constante à la hausse.
Il est vrai que la population des 50/64 ans ne compte en 2009 que des personnes
nées à partir de 1945, alors que les 50/64 ans de 1994 étaient nés avant
celui-ci. Cela explique probablement en grande partie une évolution différente
de celle du reste des classes d’âge.
La montée progressive du chômage
des seniors justifie les mesures prises pour obliger les entreprises à garder
leurs seniors ou à en recruter.
On observera cependant la hausse des taux d’activité au-delà de 55
ans, qui passent de 41.2% à 42% en un an. Alors que les mesures diverses sur
les retraites depuis 1993 n’avaient pas réussi à modifier l’âge de fin de
carrière, il semblerait qu’on assiste ici à une vraie évolution, dont la
suppression progressive de la Dispense de Recherche d’Emploi doit être un
facteur explicatif important.
La crise actuelle a frappé plus fortement les hommes que les femmes, au point que pour la première fois depuis 1975(date de début des données fournies), le nombre de chômeuses est plus faible que celui des chômeurs. Le phénomène s’est manifesté dès le premier trimestre, et le troisième voit une égalité presque parfaite entre les deux valeurs.
En réalité, la grande tendance
depuis 35 ans est l’augmentation progressive du taux d’activité féminin :
l’écart entre sexes ne fait que diminuer. Entre 1975 et 2009, le taux
d’activité des 25/49 ans est passé chez les hommes de 97.3 à 94.9% et chez les
femmes de 59.9% à 82.9%
On voit que si l’écart s’est nettement réduit, il en existe encore un non négligeable. D’ailleurs, la différence est encore de 7.2 points pour les 19/24 ans.
L’écart de taux d’activité pour l’ensemble des 15/64 ans est passé de 30.6% en 1975 à 13.6% en 1995, soit une baisse moyenne (assez régulière) de 0.85% par an. Depuis la décroissance s’est nettement ralentie avec un rythme de 0.36% par an, mais elle continue.
Il est probable que cette pression à l’accroissement du taux d’activité féminin a joué en défaveur des femmes du point de vue des taux de chômage et des salaires, mais je fais l’hypothèse que cette pression diminuant, les autres indicateurs vont devenir plus favorables aux femmes. La montée des emplois de service joue dans ce sens, en particulier pour les moins qualifiés.
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