En Septembre 1989, pour revoir ma famille à Noël, j’ai demandé de nouveau un visa de retour aux autorités tchécoslovaques. Et l’espoir est né. Peut-être était-ce un pressentiment ? Oh miracle, le visa a été accordé et tout s’est ensuite précipité.
La chute du mur de Berlin, la révolution de velours : le début
du mouvement le 17 Novembre, coïncidant avec la fête internationale des
étudiants, institution du Forum Civique (OF Obcanske Forum), le retour à la
scène politique de Vaclav Havel, principal signataire de la Charte 68 (sur les
droits civiques et la liberté d’expression des artistes), et Alexander Dubcek,
ancien premier ministre des années 60 en poste au moment du printemps de
Prague.
Le régime totalitaire des pays de l’Est était en train de s’écrouler en
Tchécoslovaquie, Allemagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, Yougoslavie. Seule
l’Union Soviétique restait en spectateur et sans, cette fois-ci, intervenir militairement.
Plus de chars, plus de violence, la porte de la liberté et démocratie s’ouvrait
devant les peuples d’Europe Centrale.
Nous sommes allés fêtés ces événements
avec le peuple tchèque et slovaque fin décembre 1989. Nous parcourions des rues
avec des rubans bleus, blancs et rouges sur nos manteaux pour manifester la
sympathie et le soutien à la nation. Les lieux ont été marqués par l’histoire.
L’endroit où certains étudiants ont été battus sont restés décorés.
La place
Venceslas, la place de la Vieille Ville et d’autres lieux historiques étaient
parsemés d’affiches, de drapeaux, de fleurs et de bougies. Nous avons vécu
l’élection du nouveau président. Les habitants se rassemblaient pour marcher
vers le château et assister à l’instauration de Vaclav Havel, dramaturge,
écrivain et philosophe et surtout opposant du régime totalitaire au pouvoir.
Nous attendions ce vote au château devant le parlement avec une foule immense
et nous participions à l’euphorie de ce instant Oh combien historique.
Cet événement
est pour moi l’un des plus importants de la fin du XXème siècle. Si vous avez
l’occasion de lire des extraits du premier discours prononcé par Vaclav Havel
le premier janvier 1990 en tant que président de la nouvelle Tchécoslovaquie,
vous serez profondément impressionnés. C’est un discours libre, plein de bon
sens, d’une vision démocratique et humaniste. C’est une vision du monde et de
l’Europe qui nous manquent aujourd’hui malgré tous les efforts de ces dernières
années.
Aujourd’hui ce témoignage très personnel peut paraître comme un rêve. Epouser une personne que j’avais rencontrée trois fois dans ma vie peut paraître absurde. Réussir et obtenir l’ensemble de formalités administratives pour pouvoir aller vivre de l’autre côté du rideau de fer était un folie. Subir les interrogatoires dans mon pays natal et dans mon pays d’adoption restera pour moi une discrimination, mais, à l’ancien poste frontière de Rozvadov (entre l’Allemagne et la Tchéquie), nous ne sommes plus arrêtés. Notre carte d’identité suffit. L’Europe est bien un continent de libres circulation, échange et pensée. Soyons fiers de réussir ce progrès et n’oublions jamais que le rideau de fer a réellement existé.
Katerina
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