François Mitterrand a agité plusieurs fois l’idée d’accorder le droit de vote aux immigrés, mais les socialistes ne sont pas passés à l’acte. Sans doute n’étaient ils pas complètement au clair sur les principes. Mais les immigrés voteraient ils à gauche ou non ?
Il y a peu, j’ai discuté avec une jeune femme bien implantée au sein du PSOE (le parti socialiste espagnol), qui travaille sur les questions d’immigration. Son pays connaît une très forte immigration (venue d’Amérique latine mais aussi du Maroc et du reste de l’Afrique, comme de l’Europe de l’est). Elle m’a expliqué que le parti socialiste au pouvoir avait envisagé de donner le droit de vote aux étrangers mais avait renoncé car des sondages ont montré que dans ce cas, les étrangers voteraient en majorité à droite.
Ce résultat parait surprenant quand on sait que seule en Espagne la gauche cherche à accueillir correctement ces immigrés.
Mais peut être l’image que se fait la gauche de ce que souhaitent les immigrés est elle fausse, au moins pour une partie significative des personnes concernées.
Certains à gauche sont capable de conjuguer une opinion misérabiliste des immigrés à un comportement légèrement hautain, une attitude paternaliste finalement.
Or une grande partie des immigrés ont fait preuve pour venir dans le pays d’immigration d’un dynamisme et d’une volonté de s’en sortir importante, en quelque sorte d’un esprit d’entreprise, caractéristique plus souvent valorisée à droite qu’à gauche. En fait, ils sont généralement très loin du profil de l’étranger profiteur de notre système que propagent les amis de JM Le Pen !
A titre d’exemple, cet algérien arrivé sans papiers il y a 10 ans et qui vient d’acheter son propre restaurant, me faisait l’éloge de N Sarkozy et de JF Copé !
Par ailleurs, certains souhaitent tellement s’intégrer dans leur pays d’accueil qu’ils veulent se mettre dans une posture légitimiste. Leurs enfants vivront sans doute plus mal l’ostracisme dont ils sont souvent victimes alors qu’ils sont nés ici et seront donc tentés par un vote plus contestataire
Ils peuvent aussi avoir une attitude plus libre vis à vis de certains tabous de la gauche.
Je me souviens ainsi avoir fait signer une pétition sur le service minimum. Dans les quartiers de l’Ouest parisien, beaucoup signaient, ce qui était beaucoup moins vrai dans l’Est parisien, où les habitants, même s’ils étaient au fond demandeurs d’un service minimum, ne voulaient pas se désolidariser des travailleurs de la RATP ou de la SNCF.
Près de la gare du Nord, par contre, j’ai eu de nombreuses signatures de voyageurs au nom pas très de chez nous. Ces immigrés n’étaient sans doute pas prêts pour une solidarité à sens unique, à protéger contre leurs intérêts propres des salariés repliés sur leurs privilèges qui se fichaient comme d’une guigne de leurs conditions de travailleurs souvent précaires !
Bien entendu, la population immigrée est par nature multiple et il serait stupide de croire qu’elle va réagir de manière unanime sur des sujets politiques. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne suffit pas pour qu’un parti soit populaire dans cette population qu’il défende une position de principe. Il faut qu’il s’intéresse réellement , non seulement à la situation de ces personnes, mais à leurs attentes et demandes !
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