Martine Aubry a proposé des restrictions au cumul des mandats, ce qui reste une condition importante à l’amélioration de notre démocratie. Il n’est pas sûr que cela plaise à tous ni que cela soit réellement appliqué, mais c’est une orientation forte pour la gestion des carrières compliquées du PS (et des autres partis d’élus).
Le Parti socialiste est d’abord un parti d’élus locaux. Selon certains chiffres, environ 60 000 adhérents (soit un tiers environ) vivraient d’une manière ou d’une autre de la politique et auraient donc un intérêt financier direct aux résultats des élections.
On pense spontanément aux 141 députés ou aux 102 sénateurs. Mais il faut aussi ajouter les maires des grandes villes (la gauche gère 350 villes de plus de 15 000 habitants) les 14 députés européens les présidents et vices présidents des 20 régions tenues par la gauche et les 50 présidents de conseils généraux (sans compter les vices présidents).
Au-delà, de ces postes importants (et très correctement rémunérés !), il faut ajouter les milliers de conseillers régionaux ou généraux, de maires de villes de moins de 15 000 habitants, d’adjoints aux maires ou de conseillers municipaux.
Mais il n’y a pas que les élus pour vivre en tout ou en partie de la politique ! Il y a aussi tous les attachés parlementaires (deux ou trois par députés par exemple), les directeurs ou chefs de cabinet de tel ou tel instance (conseil régional ou général, mairie un petit peu importante, communauté de communes ) directement ou indirectement politique (services publics divers, conseil de ceci ou de cela)
Au total beaucoup de monde, mais selon une pyramide à large base (les conseillers municipaux de petites villes) et à sommet limité (les députés, sénateurs et autres détaillés plus haut. Or, c’est bien dans ce sommet que se trouve les plus grands cumulards, ceux qui sont député et maire ou conseiller général et régional.
Pour ces postes les plus prestigieux, la lutte est rude. Si on est dans une circonscription ou une mairie où la droite et la gauche sont de forces à peu près égale, la victoire électorale est la condition de l’obtention d’une place. Mais si on est dans une circonscription ou une mairie clairement à gauche (pour le PS) ou à droite (pour l’UMP), le vrai combat se situe dans les couloirs du parti, pour obtenir l’investiture ! Et ceux qui tiennent les places ne sont en général pas pressé de prendre leur retraite.
Obtenir une place dégagée par un partant est particulièrement difficile pour certains ces derniers temps. En effet, les lois sur la parité avantagent très sérieusement les femmes. Si on ajoute la volonté de promouvoir la diversité, on comprendra que pour un homme blanc de 35 ans au Parti Socialiste, la lutte pour ces places et chaude.
On voit alors l’important appel d’air dans les carrières des trentenaires et des quadras constituerait la suppression du cumul des mandats : plusieurs centaines de postes prestigieux pourrait devenir progressivement disponible et ceux qui y accéderait dégagerait à leur tour des places pour d’autres plus jeunes ou moins brillants etc. !
On imagine évidemment que si cette solution apparemment simple ne s’est pas encore faite, c’est qu’il n’y a pas que des gagnants
En effet, le cumul des mandats a aussi ses raisons d’être. En dehors du fait qu’il devient une réponse par le réseau à l’enchevêtrement des responsabilités des différents niveaux administratifs, il est aussi un élément important de la gestion des carrières
Dans un système où les élections peuvent se conclure par une défaite, le cumul des mandats constitue pour de nombreux élus un filet de sécurité. Le député maire battu aux législatives peut continuer à vivre de la politique sur le mandat qui lui reste et espérer se servir de ce mandat pour regagner son siège à l’élection suivante. D’autant plus qu’il est plus facile de se faire élire quand on a déjà un mandat local qui permet d’avoir régulièrement sa photo dans le journal !
En terme de gestion, des effectifs, ce système a bien sûr des effets pervers. Avec un mandat, un sortant battu doit se reconvertir dans un autre l’emploi. L’exercice n’étant pas très simple, il ne revient généralement pas dans le système. Cela assure de fait un certain renouvellement des hommes (et des femmes !) dont on sait qu’il est favorable aux parcours de carrière (parce qu’il y a des places qui se libèrent régulièrement ) et à la modernisation et au renouvellement des idées.
Si on résonne purement en gestion RH, le PS aurait un grand besoin de supprimer le cumul des mandats, même si cela risque de lui faire perdre quelques sièges dans les premières élections après cette décision.
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