Le maire socialiste d’Hénin Beaumont, Gérard Dalongeville, est en prison après qu’on ait trouvé dans un coffre fort dans son bureau 13000 euros en liquide dont il prétendait ignorer l’existence. Marine Le Pen, qui avait fait un très beau score aux législatives puis aux municipales dans la ville, espère tirer les marrons du feu, au moment où le Front National se débat dans des difficultés internes très importantes.
La dirigeante frontiste prétend que c’est son action qui a fait tomber le maire, ce qui est faux : c’est la Chambre régionale des comptes qui est intervenue parallèlement à l’action de la police judiciaire qui a perquisitionné à la mairie, à la suite d’une enquête qui dure depuis le mois de juin 2008.
Depuis 2003, la Chambre régionale des comptes du Nord Pas de Calais demande à la ville de redresser ses comptes. Les plans de redressement successifs imposés n’ont pas empêché la ville de continuer à recruter à tour de bras : la mairie emploie plus de 700 agents alors qu’elle compte 27000 habitants, ce qui fait un ratio de plus de 2,6 agents pour 100 habitants. Quand on sait qu’en 2005, la fonction publique territoriale comptait 1522 143 agents, soit environ 2,5 pour 100 habitants, on constate que la ville concentrait à elle seule le même ratio, alors qu’il faut compter encore dans les collectivités territoriales les structures intercommunales, le département et la région.
Le maire mettait en avant « une politique sociale hardie » qui lui permettait surtout de faire preuve de clientélisme. La ville très bien située au croisement de l’autoroute A1 et de la rocade minière bénéficiait certes d’une grande zone commerciale et de sa taxe professionnelle, mais cela ne pouvait suffire. D’autant plus que l’équipe municipale était complètement désorganisée, peut être pour permettre au maire d’avoir les mains complètement libre pour ses agissements personnels.
Les
difficultés financières et la désorganisation ont entraîné des défauts de
paiement et il semble que ce soient des plaintes de fournisseurs impayés qui
ont débouché sur des enquêtes ayant montré de graves anomalies de gestion et de
comptabilité. Pour finir par la perquisition qui a révélé des paiements en
liquide très probablement frauduleux. Apparemment, un individu du nom de Guy
Mollet( cela ne s’invente pas !) aurait corrompu le maire aux dépens du
contribuable.
La municipalité de gauche est
maintenant divisée, Marie Noëlle Lienemann ayant pris la tête d’une opposition
interne. Marine le Pen, espère que cela débouchera rapidement sur de nouvelles
élections, et, pourquoi pas, sur une victoire pour son parti, qui l’aiderait à
en prendre la tête au niveau national, au moment où se joue la succession de
son père.
Cette histoire montre en tous les cas l’importance d’instances de contrôle, au moment où Philippe Seguin veut supprimer de fait les chambres régionales de comptes, au profit d’une instance beaucoup plus centralisée.
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