En lisant ce matin quelques blogs, je trouve trois illustrations de la manière dont les entreprises, les individus ou les institutions régissent face à une crise à laquelle ils sont confrontés, qui n’est pas forcément celle à laquelle est confronté leur voisin, tant les crises sont multiples et multiformes
La première crise, qui agite de nombreux sites, est celle qui naît de la faculté de télécharger, souvent sans payer, tout ce qui peut être numérisé, suscitant des réactions violentes, au nom de la propriété intellectuelle, du droit d’auteur et de la défense de la création, puis suscitant en retour la réaction de nombreux internautes.
On peut trouver comique la capacité des deux parties à invoquer des valeurs essentielles (la Culture, la Liberté…) pour principalement défendre leur porte monnaie. Ce qui me frappe, c’est la remise en cause, probablement inéluctable, d’un modèle économique basé sur des coûts d’entrées élevés et des coûts marginaux très faible.
Cette situation, qu’on trouve aussi bien dans les logiciels que dans le cinéma ou la musique (mais par certains cotés dans la finance sur les marchés), débouche par nature sur des très fortes inégalités de revenus (pour les entreprises ou les « stars »). Je pense qu’elle a contribué fortement (avec l’internationalisation des échanges) à la montée des inégalités depuis environ 30 ans : par exemple la réussite de quelques sociétés informatiques a beaucoup fait pour diffuser l’idée d’un retour de 15% sur fonds propres et on notera que le PDG de Walt Disney fut longtemps le patron le mieux payé aux USA.
Deuxième crise, celle d’une
profession, le journalisme, confrontée aux évolutions des médias, aux
contraintes économiques et à la montée d’Internet. Narvic, journaliste lui
même, montre très bien la tentative de repliement corporatiste qu’illustrait
parfaitement un récent article du Monde, critiqué par Narvic, Vinz et Eolas.
Les critiques que je fais régulièrement à
mon journal habituel (et préféré ?) me font douter que les trois
piliers du journalismes soient effectivement la distanciation,
l'objectivation et le recoupement des sources.
L’existence d’un syndicat professionnel illustrait depuis longtemps cette logique corporatiste. Avoir son propre syndicat plutôt qu’un syndicat en commune avec les autres salariés de l’entreprise, c’est considérer que sa spécificité passe avant la solidarité collective. On aura compris que je n’aime pas le corporatisme, en particulier dans le syndicalisme.
Troisième crise, plus actuelle, celle de la conjoncture qui affecte diversement les entreprises selon les secteurs. Celui de l’intérim est particulièrement touché. Françoise Gri, qui dirige Manpower France, explique sur son blog qu’elle a fait le choix de ne pas faire de licenciements, mais de simplement laisser diminuer ses effectifs en ne renouvelant ni les CDD, ni les départs de toutes sortes.
Si la crise lui permet de garder cette posture, elle devrait y gagner : un plan de licenciement a un effet désorganisateur et démotivant pour ceux qui restent. Il y a quelques années, confrontés à la même baisse des ventes, Airbus et Boeing avaient eu dans ce domaine des stratégies opposées. Lors de la reprise, Boeing, qui avait licencié massivement, avait eu du mal à repartir, malgré la priorité donné à l’embauche de ceux qui étaient partis. Il est vrai que le problème se pose d’autant plus que l’organisation et le métier sont complexes.
Cependant, le choix de Françoise Gri est facilité par un turn-over assez important dans son secteur. Confrontée à une situation semblable il y a quelques années, ma boite avait pu faire le même choix est réduire ses effectifs d’environ 10%. La reprise était venue peu après le départ du dernier CDD, qui fut rappelé sur le champ !
Tous les secteurs ne sont pas dans la même situation sur ce plan. Je me suis cependant toujours étonné du choix fait dans des entreprises en récession structurelles de privilégier les pré retraites. Si vos besoins diminuent bon an mal an de 2 ou 3% par an, vous pouvez théoriquement vous adapter en ne remplaçant pas les départs en retraites. Mais si vous avez commencé par faire un premier plan, le fait d’avoir asséché les départs pour quelques années vous oblige en pratique à recommencer régulièrement !
Le blog de Françoise Gri m’a été signalé par Versac (dont le retour est imminent !), merci à lui. Justement, je ne trouve guère de blogs qui parlent du social dans la partie qui m’intéresse, c'est-à-dire en particulier ce qui a un rapport avec la vie des salariés dans l’entreprise. Je suis très demandeur de suggestions dans le domaine.
Pour l’instant, à part le blog pré cité je n’ai pas grand-chose :
Les clés du social mais ce n'est pas un blog et il y a peu d’articles
Les dessous du social, par un journaliste spécialisé dont je n’aime guère le ton (ce tic parisianiste et journalistique de jouer les cyniques peut être)
Julie Coudry, mais elle ne semble pas tenir la distance
Par ailleurs, j’ai sur ma blog liste Etienne Wassmer et Denis Colombi, mais on sort déjà du champ
Il y a aussi de nombreux blogs ou sites professionnels, comme celui là, mais cela ne m’intéresse guère
Peut être aussi des blogs plus personnels sur un métier ?
Alors, s’il y a des idées….
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