La présentation détaillée du plan de relance gouvernemental quelques semaines après celle du plan socialiste permet de comparer deux plans qui ont leur cohérence propre mais qui s’appuient sur des analyses différentes de la situation.
Le plan socialiste affiche d’emblée ses présupposés : l’une des causes de la crise est l’accroissement des inégalités et l’obligation de recourir au crédit pour que les classes moyennes ne se sentent pas lésés. On notera que cette analyse s’applique de fait mieux aux USA qu’à notre pays, mais comme la crise est mondiale, elle est recevable. Autre présupposé, le besoin d’une relance keynésienne : face à une réduction des dépenses, il faut accroître celles-ci en fournissant du pouvoir d’achat aux ménages, en particulier à ceux qui sont trop pauvres pour épargner ces moyens accrus. Le dernier principe concerne le volume du plan, autour de 2.5% pour se conformer aux indications du FMI (entre 2 et 3%)
Le plan gouvernemental a de tout autres présupposés. La crise est analysée comme le fruit d’une défiance généralisée, de la part des ménages ou des entreprises, qui, par peur de l’avenir, multiplient les épargnes de précaution, et de la part des banques qui, pour ne pas avoir d’impayés ou faute de fonds propres suffisants, restreignent le crédit. Il faut donc redonner de la confiance aux banques voire des fonds propres. Il n’est pas judicieux de distribuer aux ménages : ils risquent fort de l’épargner, et on ne saura pas revenir en arrière. Et la désinflation en cours avec la chute du prix du baril va leur donner du pouvoir d’achat. Il vaut mieux que ce soit l’Etat qui dépense, de manière non récurrente mais utile. A cet égard, l’investissement est la meilleure dépense. Enfin, il faut aider les entreprises, du moins pour soulager leur trésorerie.
Dans le domaine de l’emploi, la gauche souhaite garantir plus longtemps les indemnités de chômage quand le gouvernement souhaite accélérer les processus de sécurisation des parcours professionnels, la crise accélérant les besoins de changement.
De fait, chacun des deux camps estime que la crise rend plus urgents et légitimes les choix structurants qu’il proposait déjà avant la crise : pour diminuer les inégalités et distribuer du pouvoir d’achat, pour protéger des changements pour la gauche. Pour réformer l’Etat et le marché du travail et favoriser l’offre pour le gouvernement.
Au final, on retiendra deux choses :
Les deux plans sont sérieux et ont leur cohérence propre, même si certains détails sont évidemment critiquables.
Les deux plans prennent en compte la nécessité d’agir vite, de choisir des mesures qui auront un effet rapide. L’idée que les plans de relance faisaient trop souvent effet après la fin de la récession est entrée dans les têtes.
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