Ce matin, j’entends sur France Inter que le PIB du Japon a subi un recul de 13% au quatrième trimestre 2008. Au même moment, je lis sur Econoclaste que seul les journalistes (d’après eux) vérifient sérieusement l’information. Le chiffre est tellement inouï que je me précipite pour vérifier que c’est bien le journaliste qui est devenu fou et non moi qui est une mauvaise idée des ordres de grandeur
Vérification faite, le recul du PIB nippon est énorme mais évidement pas de 13% : 3.3% sur le quatrième trimestre, c’est près de 3 fois plus que dans notre beau pays, 2 fois plus que cet autre pays très industriel qu’est l’Allemagne et un peu plus que ce pays malade qu’est l’Italie. Manifestement, le Japon a souffert de la chute de la production industrielle dans l’atelier du monde voisins.
Comment le journaliste de France Inter a-t-il pu se tromper à ce point ? L’explication est sans doute là : pour faire plus sensationnel, un autre journaliste, sur Investir cette fois (mais ce dernier l’a sans doute recopié ailleurs !) a imaginé de calculer ce recul en « rythme annuel ». En multipliant le résultat trimestriel par 4, il obtient le chiffre de 12.7%, qui fait impressionnant mais qui ne veut évidemment strictement rien dire. Et sur notre radio nationale, on a « oublié » de préciser « en rythme annualisé ». A quoi bon ? Cela complique le discours inutilement et il est probable que les auditeurs ne comprennent rien à ce jargon (pas plus que les journalistes en fait !)
Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’un chroniqueur (ou un politique) se permet de prolonger les courbes de cette manière. Mais ici le chiffre trimestriel est tellement fort qu’on voit bien que prolonger les points, c'est-à-dire décider que la tendance pourrait être la même sur quatre trimestres, n’a pas de sens.
Pour en donner un exemple, l’une des principales causes du recul du PIB en France, est la mise en chômage partiel de nombreuses usines automobiles, entraînant un recul de la production de celle-ci de plus de 25%. Si on multiplie par 4, on obtient un recul de plus de 100%. J’aimerais bien que le journaliste de France Inter ou celui d’Investir m’explique ce que signifie un recul de plus de 100% de la production automobile ! (j'exagère un peu, le calcul d'Investir n'est pas linéaire, il calcule le taux de 3.3% sur le niveau précédent, ce qui explique que les 12.7% affichés soient plus faibles que 4 fois 3.3%)
Droit dans le mur du son, oui, on peut le dire !
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