Un ami me demande d’écrire quelques lignes sur les moyens de rétablir la confiance dans notre économie et ce que je fais dans ce sens. Si la notion de confiance est essentielle en économie, la question posée peut être comprise de plusieurs manières.
Le premier élément essentiel de confiance est celui qui se joue dans l’échange. L’expérience très récente montre qu’on peut avoir tort de faire confiance dans l’honnêteté (en pratique la volonté effective de respecter le contrat) de certains intervenants économiques, par exemple quand ils s’appellent Bernard Madoff ou Enron. La corruption dans un pays est un facteur qui va à l’encontre de ses capacités de développement.
Pour garantir cette honnêteté, notre système économique s’appuie notamment sur le rôle des experts comptables et sur la publication des comptes. Les experts comptables ont intérêt à être sérieux : on a vu comment les malhonnêtetés d’Enron ont conduit à la fin de Arthur Andersen. Dans le cas de B Madoff, le fait que son commissaire aux comptes soit un quasi inconnu a été jugé par certains clients potentiels comme rédhibitoire pour travailler avec lui.
Avant de passer au deuxième élément classique concernant la confiance en économie, notons, au moins dans notre pays, le manque de confiance d’une partie importante de la population dans le système économique, que ce soit pour des questions de justice, d’efficacité ou les deux. Ce courant a plutôt été renforcé avec la crise actuelle.
On notera que ce manque de confiance dans le système économique est important dans notre société française de défiance, et ce n’est évidemment pas un hasard. Cette méfiance se couple en effet avec une défiance envers les décideurs politiques et économiques comme envers les économistes. Pour ceux qui partagent cette idée, l’économie, ce sont ces responsables. Dans une interprétation plus classique, l’économie, c’est le produit des interventions multiples de tous les intervenants économiques, consommateurs ou entrepreneurs notamment : d’une certaine manière, ne pas avoir confiance dans l’économie, ce n’est pas avoir confiance en nous même.
Mais quand on dit que la récession est due à un manque de confiance des acteurs économiques on parle d’autre chose. Généralement, on parle du manque de confiance dans la dynamique économique. Si je suis promoteur immobilier, je ne fais pas les mêmes opérations si je pense que la demande solvable de logements va augmenter ou si je pense qu’elle va baisser. Si tous les acteurs économiques pensent que l’économie ira plus mal demain, ils vont éviter les initiatives et de prendre des risques, et leur comportement va effectivement conduire à la récession.
On notera cependant qu’une des caractéristiques de la crise financière a été un moment le manque de confiance de tous les acteurs dans la pérennité des autres. Cela a conduit les banques a refusé de se prêter entre elles ou au moins à prendre une prime très élevée, c'est-à-dire à faire fortement monter les taux à court terme. Cette crise de confiance n’a pu être résolue que parce que les banques centrales ont massivement prêté et parce que les gouvernements (le notre compris), se sont portés caution des banques à un niveau très élevé.
Peut on rétablir la confiance ? ne faut il pas demander d’abord s’il faut la rétablir ?
En réalité, on observe que les acteurs économiques ont tendance à sur réagir aux événements. Pendant la période de croissance, ils ont fait preuve d’une trop grande confiance par rapport à la réalité des risques. Actuellement c’est le contraire, ils sont excessivement prudents. Le sondage du JDD dont j’ai parlé lundi, parce que la façon dont les questions sont posées est biaisée, est typiquement une opération qui contribue à développer les comportements frileux, qui contribue à la récession.
Il n’y a aucune légitimité à faire croire aux acteurs économiques que l’économie va bien quand ce n’est pas le cas. Par contre, on peut pousser à une prise de conscience de la réalité de la situation, à combattre les sur réactions (quel qu’en soit le sens d’ailleurs !).
Pour cela, le simple citoyen que je suis ne peut guère faire qu’une chose : contribuer à regarder les réalités économiques avec plus de sang froid. Dans notre pays, simplement expliquer comment cela marche me parait déjà une chose utile !
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