Julien Dray et Jean Charles Marchiani ne font pas parti du même camp politique : l’un est un ami de Ségolène Royal, l’autre de Charles Pasqua. Ils ont pourtant un point commun : des démêlés avec la justice de notre pays en raison de la manière dont ils ont géré des fonds publics.
Julien Dray est « dans le collimateur de la justice », titre Europe 1 sur son site ce jour. Il fait l’objet d’une enquête sur des mouvements de fonds suspects sur les comptes de SOS Racisme et de la FIDL (syndicat lycéen proche du parti socialiste). En clair, il semble que des fonds aient transité entre les comptes de ces associations et le sien, et il est soupçonné d’avoir utilisé une partie de ces fonds à des fins personnelles.
L’exemple de Jean Charles Marchiani, ancien préfet et ami de Charles Pasqua, montre que dans des affaires de détournement de fonds public, la justice peut aller jusqu’au bout, mais que cela prend du temps : les premiers faits reprochés à l’ancien préfet datent du début des années 90 et il a fait un premier séjour en prison en 2004 avant d’y retourner, une fois tous ses pourvoir épuisés, en mai 2008.
Si d’aventure l’enquête en cours prouvait la culpabilité de Julien Dray, pour des faits qui se situent depuis 2006, celui pourrait espérer garder sa liberté encore quelques années. Par contre, le portefeuille que la rumeur lui prêtait à l’occasion du prochain remaniement ministériel, c’est fichu pour cette fois !
Julien Dray a une autre raison de se rassurer : les responsables politiques n’oublient pas forcément leurs (anciens) amis. François Mitterrand avait montré en son temps que c’était cette amitié indéfectible pour ses amis qui étaient le meilleur moyen de garder le pouvoir au sein des partis politiques. Nicolas Sarkozy, qui a côtoyé longtemps Charles Pasqua dans le département des Hauts de Seine semble prêt à montré que lui aussi sait être fidèle (et non FIDL évidemment).
Comme chacun peut le savoir, le nombre de détenus dans les prisons française ne cesse d’augmenter, rendant toujours plus aigu le grave problème de la surpopulation carcérale : les peines planchers et le refus de la grâce du 14 juillet par le Président de la République n’y sont pas pour rien.
Nicolas Sarkozy semble avoir décidé de faire quelque chose. Il a ainsi prévu une libération anticipée pour les « détenus méritants ». C’est quoi un détenu méritant ? Quelqu’un de particulièrement méritant (il ne suffit pas d’avoir été sage) et dont les capacités de réinsertion sont importantes. J’ai demandé naïvement à un cadre de l’administration pénitentiaire si ceux qui avaient fait des études en prison étaient concernés. Que nenni ! Il faut bien plus que cela. Les dossiers qui ont été transmis au ministère concernent des personnes qui ont fait des actes particulièrement dignes d’attention, comme le fait d’avoir sauvé un de leur codétenu en danger de mort. Le nombre de dossiers transmis se situe donc en dessous de la centaine, pas de quoi désencombrer les prisons.
Mais il se murmure fortement, dans l’administration pénitentiaire et dans les médias, que JC Marchiani pourrait bien être du lot. A t-il sauvé d’autres détenus ? C’est peu probable. J’imagine qu’on mettra en avant sa contribution à la libération de nos otages au Liban. Contribution qui doit probablement plus à des réseaux (lesquels ?) qu’à une prise de risque personnelle. A la veille des élections de 2002, un article de l’Est Républicain, supposé s’appuyer sur note de la DST(note ensuite publiée par Le Monde) aurait laissé supposer qu’en réalité une rançon a été versée et que Pasqua et Marchiani en aurait détourné une partie à leur profit.
Comme quoi, en politique, l’important est d’abord d‘avoir des amis. Sur ce dernier point, je fais confiance à Julien Dray !
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