Le Monde aurait il perdu toute déontologie ? On pourrait le croire à la lecture de l’article en « Une » ce soir. La conclusion déforme complètement les propos tenus par Olivier Blanchard dans ce quotidien le 24 dernier.
On peut en effet lire ceci dans le numéro de ce soir :
Le Fonds monétaire international, par la voix de son économiste en chef, Olivier Blanchard, avait, le 24 décembre dans Le Monde, également incité les gouvernements à être plus ambitieux et à consacrer environ 3% de leur PIB à ces plans de relance.
Or, voilà ce qu’on trouve dans l’entretien du 24 décembre, à la question « Le FMI a parlé de la nécessité de consacrer 2% du produit brut mondial à ces plans, est ce suffisant ? », Olivier Blanchard avait répondu :
Pour le moment, une expansion budgétaire de 2% parait suffisante. Mais si les circonstances l’exigent, il faut que les États soient prêts à faire plus, 3% ou plus si nécessaire. Il faut y réfléchir dès maintenant, car ce n’est pas facile de dépenser de telles masses d’argent !
Ainsi donc, pour Le Monde, « pour le moment 2% paraît suffisant » signifie « il faut consacrer 3% environ » !
Incompétence ou mauvaise foi ? On ne sait plus ! Il est vrai que le 24 déjà, le Monde avait titré « le FMI souhaite des plans de relance plus ambitieux » et dans le corps de son texte écrit que l’économiste avait « évoqué» des sommes représentant 3% du PIB. On sentait la volonté de déformer les propos, mais l’article restait suffisamment ambigu pour qu’on ne puisse pas le pointer du doigt. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais on peut se demander si les journalistes n’ont pas fini par croire eux-mêmes ce qu’ils avait écrit le 24.
Le reste de l’article donne le sentiment que l’auteur considère que les résultats sur l’emploi prouvent que le plan gouvernemental est insuffisant, comme le pense les socialistes. Il doit cependant reconnaître qu’un plan annoncé début décembre et pas encore voté à ce jour ne pouvait agir en novembre. A défaut, il suffisait de déformer les propos combien crédibles d’un économiste en chef du FMI.
Pour finir, j’avoue que le titre (La France menacée par le chômage de masse) ne me plait guère non plus. Que signifie t-il ? A partir de combien de chômeurs a-t-on un chômage de masse ? Ne suffisait il pas de souligner que la perte d’emploi en un mois est la plus forte depuis 15 ans, comme le dit le titre de la page 10 ?
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