Noël marque la première étape d’une histoire qui nous montre un Dieu très différent de l’image qu’on pourrait se faire spontanément d’un Dieu tout puisant : un Dieu pauvre et qui va finir crucifié, mais un Dieu qui sait à chaque instant entrer dans une relation humaine profonde avec ceux qu’il rencontre
Le Dieu des Juifs est un Dieu puissant, qui fait alliance avec son peuple. Les chrétiens ne remettront pas en cause cette vision : l’évangile de Jean commence par une présentation du Dieu créateur, d’un Dieu effectivement tout puissant. Mais les évangiles insistent sur tout autre chose. Le Dieu de l’Islam est aussi un Dieu puissant, « Allah est grand » affirment en permanence les musulmans.
Le Dieu de l’évangile se caractérise par son caractère profondément humain. Humain au point que Dieu vient s’incarner dans un homme nommé Jésus. Mais humain d’une manière qui rompt radicalement avec la vision qu’en a le monde dans lequel le Christ va évoluer.
Les dieux païens, ceux que les juifs ont rejeté, sont des dieux sans beaucoup de bon sens, à qui il faut rappeler ce qu’ils doivent faire par des danses de la pluie ou des rites de fécondité, des dieux que l’on peut contraindre par la magie. Ou bien ce sont des dieux sanguinaires, à qui il faut donner le sang des victimes pour éviter leur colère. En réaction à ces dieux là, les juifs vont reconnaître un Dieu Tout Puissant, qui leur propose son Alliance. Ils lui trouveront des sentiments humains, parlant de sa colère (encore qu’il soit « lent à la colère ») ou de sa jalousie.
Les dieux grecs ou romains sont, eux, des dieux profondément humains, dans le sens où ils se comportent comme des hommes. Il n’y a qu’à lire l’Iliade ou l’Enéide pour découvrir des dieux ou des demis dieux qui ne songent qu’à copuler, boire ou manger, qui font preuve d’orgueil, de colère, de jalousie ou de vantardise.
Jésus, Dieu fait homme, va lui aussi partager la condition humaine. Certes on va aussi le voir manger, participer à des fêtes. Mais là n’est pas l’essentiel.
Partager la condition humaine, c’est en effet au début de sa vie naître dans une étable, puis devoir fuir les persécutions d’Hérode. A la fin de sa vie, ce sera subir les crachats et les invectives et souffrir sur la croix. La réponse du Dieu des chrétiens à la souffrance et la misère des hommes, ce n’est pas de la supprimer, c’est de la partager.
Mais l’évangile est traversé tout du long par ce qui prouve à chaque instant le caractère profondément humain de Jésus, de cet homme dont ses disciples diront qu’il est ressuscité tout en racontant ses miracles. La première intervention publique de Jésus aux noces de Cana, est la réponse à une demande toute humaine : ces hommes et ces femmes réunis à l’occasion d’un mariage n’ont plus de vin pour finir leur fête.
A un des moments où se manifeste le plus fort la puissance du Christ, quand il va ressusciter Lazare, l’évangile commence par dire qu’il pleure, manifestant ainsi qu’il partage en homme la peine de Marthe et Marie, les sœurs du mort.
Tout le long des trois ans de la vie de Jésus qui sont décrits par les évangiles, on découvre certes un Fils de Dieu proche de son père, capable de nous le faire découvrir comme de faire des miracles, mais on découvre aussi ce que Jésus nous propose comme sens et grandeur de l’homme, à milles lieues de ce que font apparaître les dieux grecs ou romains : la grandeur des béatitudes, la grandeur de ceux qui aiment et qui s’ouvrent aux autres.
L’histoire racontée en ce jour de Noël est le premier pas de cette révélation, révélation de Dieu, mais aussi révélation de cet importance de l’amour, qu’on peut éprouver pour un tout petit enfant, ou qu’un petit enfant peut déjà manifester pour son entourage.
Les commentaires récents