Alexandre Delaigue se demande quelle solution il reste à la banque fédérale américaine pour agir sur la crise, maintenant qu’elle a ramené ses taux pratiquement à zéro pour cent. Le Japon a montré dans les années 1990 que dans cette situation la récession pouvait durer 10 ans !
Je ne dirais que deux mots sur l’article qu’il vaut bien mieux aller lire : il évoque notamment l’autre solution, le plan B, qui consiste à fabriquer volontairement de l’inflation, ce qui pour un banquier central est l’équivalent de signer un pacte avec le diable. Au passage, précisons pour ceux à qui une lecture rapide pourrait faire croire que Robert Mugabe est un banquier central, que ce n’est pas le cas ! Ce dirigeant du Zimbabwe a simplement fait cadeau à son pays d’une inflation à des millions de pour cent (et en prime d’une épidémie de choléra).
Je voulais par contre souligner un fait : en descendant fortement leurs taux d’intérêt, les banques centrales font d’abord un cadeau aux banques, cadeau qui peut représenter des sommes non négligeables
Rappelons que les taux d’intérêt ne sont pas les mêmes selon les durées : la représentation de ce phénomène s’appelle la courbe des taux. Normalement, les taux augmentent avec la durée du prêt. Cette montée traduit le désagrément de celui qui prête à long terme : il doit attendre longtemps avant de pouvoir utiliser son capital à sa guise. Celui qui prête à court terme peut attendre ainsi une opportunité de prêter à un taux plus favorable pour lui.
Cet été, les taux à court terme (un ou quelques mois) ont flambé, traduisant la course à la liquidité : les banques ne voulaient même plus se prêter au jour le jour et il a fallu que les banques centrales prêtent sans limites (et avec des contreparties éventuellement douteuses) et même que les États s’engagent sans limite à éviter la faillite des banques, pour que le système se décoince un peu. Mais pendant cette période la courbe des taux s’est inversée : les taux à court terme étaient (je crois !) plus élevés qu’à long terme
Avec la baisse récente et forte des taux d’intérêt, on voit un autre phénomène : le net décrochage entre les taux au jour le jour(pilotés par la BCE) et les taux à un ou quelques mois sur le marché La différence est ce jour de 0.52% entre le jour le jour (2.33%) et le taux à un mois (2.54%), et de 0.9% avec le taux à 3 mois (3.125%). Il y a une semaine elle était plus élevée : la baisse du taux au jour le jour est en train de se propager aux autres taux courts.
Ces différences relativement fortes sont tout bénéfice pour les banques. Si elles se maintenaient, cela représenterait sur une année des :montants considérables (les sommes prêtées se compte en milliards d’euros), contribuant à assainir le bilan des banques et donc à terme à leur redonner envie de prêter plus libéralement qu’aujourd’hui. Si ces différences ne se maintiennent pas, cela signifierait que les taux baissent pour tout le mode (enfin presque !) et que l’ensemble de l’économie profite des gestes de la BCE, ce qui signifierait un retour plus rapide que dans l’hypothèse précédente à une période de croissance.
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