La droite vote un amendement qui restreint les pouvoirs des employeurs, et c’est la gauche qui proteste, Parti Communiste en tête. Il est vrai qu’il s’agit d’un sujet sensible, la retraite, et qu’il est facile de faire peur sur ce sujet au brave électeur
Samuel, toujours prêt à soutenir l’UMP, et Jules, juriste sans concession aux effets de mode, ont chacun expliqué de quoi il retourne. Je le rappelle cependant rapidement : la loi permettait jusqu’à présent aux employeurs de mettre d’office à la retraite un salarié âgé de 65 ans. Ils ne le pourront plus demain : si ce n’est pas une restriction des droits de l’employeur, je n’y comprends goutte !
Jusqu’en 2003, l’employeur pouvait mettre un salarié à la retraite d’office, à condition si j’ai bonne mémoire qu’il ait cotisé suffisamment de trimestres.
La loi Fillon sur les retraites, qui aligne la durée de cotisations des fonctionnaires sur celle du privé et crée les départs prématurés en cas de carrière longue, prévoit aussi de porter cette limite à 65 ans, mais prévoit aussi explicitement que la limite peut être revue à la baisse par un accord de branche
Précision importante : un accord de branche ne peut être moins favorable au salarié que la loi. Sans cette précision, les partenaires sociaux ne pourraient donner satisfaction à l’employeur.
Car ce sont bien les employeurs qui poussent à la roue pour diminuer l’âge où ils peuvent obliger un salarié à prendre sa retraite. Et dans les années qui suivent, ils vont obtenir dans de nombreuses branches un retour à la limite de 60 ans. Pour en avoir discuté avec les négociateurs de mon syndicat dans la branche du conseil, un peu gênés quand je leur reprochais leur signature, celle-ci était la contrepartie à d’autres textes où eux étaient demandeurs (dans le domaine de la formation en particulier, si j’ai bonne mémoire).
Mais le législateur est vite revenu sur la liberté qu’il avait laissé en 2003 et ôté aux branches la possibilité de négocier, avant de remettre autoritairement la barre à 65 ans. Il se faisait alors le défenseur de l’intérêt général (l’équilibre des retraites) contre celui des employeurs
Il en est de même aujourd’hui. Certains pourront faire remarquer que ce droit de mise à la retraite pour l’employeur ne devrait même pas exister : il s’agit d’une discrimination par l’âge. Au Canada, elle est considérée comme anti constitutionnelle. Il est vrai que les pays d’Amérique ont plus réfléchi que nous à la question de la discrimination…
Martine Aubry s’est élevé contre le vote de cette nuit. Elle ne peut pourtant ignorer de quoi il s’agit, elle qui a passé de nombreuses années au ministère du travail comme haut fonctionnaire. Mais on est à quelques jours du vote des militants du PS. Et quand on voit ce qu’elle a laissé écrire sur la motion dont elle est le première signataire, elle n’est plus à çà près !
Au-delà de l’attachement viscéral de nombreux Français à l’idée de retraite prématurée, on trouve dans le débat deux séparations :
D’un coté la droite qui défend les intérêts des individus et la gauche qui croit défendre les intérêts collectifs
D’un coté la droite qui pense qu’on doit libérer les freins à la liberté du travail et de l’autre une gauche qui croît qu’on peut réduire le chômage en partageant l’emploi
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