Ecopublix nous donne sous la plume de Laurent un article sur l’évolution du patrimoine des riches américains au moment des crises, celle de 1929, qui fut particulièrement dure pour eux, et celle d’aujourd’hui, qui pourrait l’être beaucoup moins, d’après l’auteur.
Un petit mot sur le blog, qui a mérité d’être primé par le magazine Challenges du blog d’or du « meilleur blog Économie & Entreprises » au mois de juin, obligeant Gizmo à le faire passer dans sa blog liste de la catégorie « petits scarabées » à la catégorie « respect » (et non grands scarabées comme le souhaitait l’un des auteurs).
Je ne sais pas si ce prix est monté à la tête des auteurs ou si simplement la vie les a conduit vers d’autres cieux, toujours est il qu’après un long (pour les lecteurs) intermède de près de 4 mois, le blog est revenu avec une équipe renouvelée, de nouveaux dessins (foins des gaulois précédents), et des titres pleins d’humour.
L’article d’Ecopublix contient un graphique qui montre la part prise par les 1% plus riches des ménages américains dans le patrimoine total aux USA, et son évolution au 20ème siècle.
Les inégalités de patrimoine sont assez logiquement plus fortes que les inégalités de revenus, pour cause d’accumulation. Si une personne A reçoit 1500 € de revenus mensuels et une personne B 3000 €, B a deux fois plus de revenus que A ; Mais on peut imaginer que ceux qui gagnent comme B épargnent plus de 2 fois plus que ceux qui gagnent comme A, par exemple, 400€ mensuels pour les premiers contre 100€ mensuels pour les seconds. Dans l’hypothèse précédente, le patrimoine des « B » est 4 fois plus grand que le patrimoine des « A ».
Imaginons une population de 1000 ménages, et un parc immobilier de 1000 maisons toutes identiques. Si 1% des ménages (10 donc) possèdent 40% du patrimoine, ils possèdent 400 maisons. Si les maisons ne sont pas identiques, ces 1% possèdent peut être simplement les 100 plus belles maisons.
Bien sûr, dans le patrimoine, il n’y a pas que les maisons, mais les immeubles et les terrains représentent une part importante du patrimoine des ménages : en France, en 2003, 64% au total.
Le graphique montre donc que la part du patrimoine américain détenu par les 1% des ménages représentait entre 35 et 40% du total avant la crise de 1929, et que celle-ci a fait baisser nettement cette part, la ramenant entre 20 et 25% du total.
Notons bien que le montant du volume total a bougé dans le même temps. Par exemple, entre 1990 et 2000, si la bourse monte et que les prix de l’immobilier montent aussi, la richesse des 1% plus riches peut avoir monté très vite. En France, la forte évolution du prix de l’immobilier a fait passer le patrimoine net des ménages de 3.5 ans de revenu brut annuel en 1995 à 5 ans en 2003 ! (voir page 3)
Le graphique montre que ce très vite s’applique en l’occurrence à l’ensemble du patrimoine. Dit autrement, si le patrimoine comprend 1000 maisons, les plus riches en ont toujours le même nombre, mais la valeur de leur parc a augmenté.
Au-delà des effets de prix, avec de fortes baisses au moment des crises (par exemple en 1929/1931) et en moyenne des hausses entre deux crises, le patrimoine est affecté par la croissance : les maisons sont plus nombreuses (certains utilisent une résidence secondaire) ou plus vastes et belles. La stabilité de la part des plus riches depuis la guerre recouvre une double hausse en valeur absolue, avec les effets de croissance et les effets de prix.
Ce qu’explique l’article d’Ecopublix, c’est que les faillites survenues en 1929/1931 ont conduit à une baisse plus rapide des patrimoines des très riches que de celui des classes moyennes, comme ceux qui aujourd’hui possèdent leur maison et un Codévi, voire quelques actions acquises à l’occasion des privatisations (les classes pauvres n’ont guère de patrimoine).
L’auteur prévoit que la crise de 2008 ne se traduisant guère par des faillites, la part des plus riches ne baissera pas cette fois ci. Les actionnaires, de Fortis qui ont vu la valeur de l’action au plus haut à 35 euros passer à moins de 1 euros actuellement sont tout à fait minoritaires.
On notera au passage que dans un pays où un nombre importants des entreprises les plus chères sont de créations assez récentes, les plus fortunés ne sont pas forcément des héritiers : Warren Buffet et Bill Gates ont fait leur fortune tout seul. En France, les Bettencourt et autres Dassault sont des héritiers et les grandes fortunes les plus récentes se sont faites dans la grande distribution avec la création de Carrefour, Promodès ou Auchan, bien avant la création de Google.
Ce que dit Ecopublix est il vrai pour la France? Un rapport du CERC donne la situation à la suite de la dernière enquête en 2004 : les 1% des ménages les plus riches possèdent 13% du patrimoine des ménages, soit une concentration plus faible qu’aux USA. Les plus riches sont ceux qui ont les plus haut revenus et les plus âgés (ils ont eu le temps de se constituer un patrimoine).
Si maintenant on regarde la composition du patrimoine des ménages français, on trouve en simplifiant : 2 000 milliards en logements, autant en terrains, 900 milliards en dépôt (mais 600 milliards de crédits à déduire) 700 milliards en actions et OPCVM, et 900 milliards en assurance vie.
L’analyse de ces chiffres montre que l’évolution de la bourse n’a qu’un impact limité sur le patrimoine total : les actions n’en représentaient à l’époque que 11% environ. Les 1% les plus riches ont un patrimoine d’au minimum 1.27 millions d’euros : un appartement un peu grand dans Paris peut en représenter une part importante.
Il est probable que seuls les très très riches, ceux qui possèdent plus de 50 millions par exemple, ont un patrimoine essentiellement composé d’actifs financiers. Rappelons que la femme de J Mac Cain , fille de milliardaire, possède 8 propriétés (qui doivent valoir largement plus de 100 000 euros chacune !).
Ce qui a le plus d’impact sur le patrimoine des ménages, c’est l’immobilier. Après des années de fortes hausse, on constate une baisse dans certaines régions. Mais seuls ceux qui viennent d’acheter et qui doivent revendre en catastrophe, par exemple pour cause de divorce, sont menacés.
Ce n’est pas encore cette fois
qu’on arrivera à ruiner les riches ! En fait, c’est la guerre qui ruine le
plus efficacement les patrimoines !
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