Les dirigeants de la Caisse d’épargne ont du démissionner. Continuons ! Limitons les rémunérations des traders ! Supprimons les parachutes dorés ! Supprimons les paradis fiscaux ! Faisons payer ceux qui nous ont entraînés dans cette crise ! Il n’y a pas que la presse et les responsables politiques pour faire ces propositions que j’entends aussi dans mon entourage.
La volonté de punir est d’autant plus forte qu’on a eu peur, qu’on ne comprend pas bien ce qui s’est passé, mais qu’on a le sentiment que c’est le contribuable qui va payer encore une fois alors que « ceux qui s’en sont mis plein les poches vont continuer comme si de rien n’était ».
Le slogan « ils privatisent les profits et nationalisent les pertes » parait s’appliquer à ce qui est en train de se passer. Arnaud Montebourg, dont on imagine que c’est un fin connaisseur du fonctionnement de l’économie en général et de la finance en particulier, reprend le slogan à la fin de son article dans le Monde de ce soir. C’est évidemment beaucoup plus compliqué que ce slogan simpliste mais allez l’expliquer à quelqu’un qui voit ce qu’il voit, entend ce qu’il entend et estime donc avoir bien raison de penser ce qu’il pense !
Trois petites réflexions à ce propos
D’abord qui est responsable ? Si j’avais un coupable à désigner, je dirais la FED, la banque centrale américaine qui a ouvert les vannes du crédit et permis aux USA de faire de la croissance à crédit (nos hommes politiques auraient bien voulu que la BCE en fasse autant -et Arnaud Montebourg continue ce soir- mais ce n’est plus le moment d’en parler !). Avec deux complices : les américains dans leur ensemble qui ont utilisé à fond les vannes ouvertes, et la Chine qui a accepté de vendre à crédit massivement. Il fallait que cela casse un jour, il se trouve que c’est de cette manière…
Ensuite, la relation que nous avons avec ceux qui gagnent beaucoup : nous ne l’acceptons pas quand nous avons le sentiment que ces forts gains se conjuguent à un mauvais travail, qu’il s’agisse de joueurs de football, de patrons ou de traders. On sait bien que pour jouer en Ligue 1, il faut être très bon, et que cela mérite un salaire élevé (mais de combien ?) et qu’il en est probablement de même pour être patron ou trader, mais justement, quand la preuve est faite qu’on a mal joué, il n’y a plus de pardon. A une autre échelle, je le constate tous les jours quand il est question de rémunération : ceux qui sont au dessus du prix du marché ou parmi les hauts salaires ont intérêt à prouver leurs qualités. A contrario, on est prêt à accepter les hauts revenus de ceux qu’on juge vraiment bons, qu’ils soient acteurs de cinéma ou grands chirurgiens.
Enfin, les revenus de traders et des banquiers illustrent le fait que ceux qui sont en situation de se servir ont tendance à la faire. On le voit à grande échelle dans la banque ou chez les dirigeants d’entreprise, à petite échelle à l’UNEDIC qui pratique des salaires supérieurs de 50% à ceux de l’ANPE (l’ancienneté explique il est vrai une partie de la différence), à belle échelle chez nos parlementaires qui ont su se concocter une magnifique système de retraite (et bien d’autres avantages, en particulier au Sénat). Il n’y a pas que les traders qui aiment l’argent…
Pour conclure, j’ai pu constater que les salariés peu qualifiés ne trouvaient en général pas anormal que les plus qualifiés gagnent plus qu’eux. Ce sont les excès (évidemment difficiles à définir), et surtout je le répète quand ils se conjuguent avec des erreurs, qui ne sont pas admis. Mais pourquoi se priver de boucs émissaires ?
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