Mon billet d’hier empruntait à Henri de Castries l’idée qu’on pouvait laisser les actionnaires perdre l’argent qu’ils ont risqué en connaissance de cause, mais pas les créanciers et encore moins les déposants. L’article de Cédric Tille dans Télos (via A Delaigue) me permet d’aller un peu plus loin.
Soulager une banque en crise de liquidités permet d’éviter des faillites à la chaîne et ne coûte théoriquement pas grand-chose à l’Etat. Sauver une banque qui a perdu l’ensemble de ses fonds propres et au-delà, coûte « le au-delà » à celui qui sauve. Ce n’est pas forcément un mauvais choix, et on a vu des entreprises rachetées malgré des finances peu brillantes, par des concurrents intéressés par leurs produits ou leurs réseaux commerciaux.
Quand la Belgique nationalise de fait les activités belges de Fortis avant de les revendre à la BNP, elle donne du temps pour une transaction qui préserve l’avenir, sans grand coût. Sauf que…
Comme l’explique parfaitement C Tille, l’Etat peut recapitaliser une affaire en déconfiture : il prend un risque, mais c’est lui qui bénéficiera d’un éventuel sursaut, pas les actionnaires initiaux. Avant de socialiser les pertes, on les a fait supportées aux individus qui ont profité précédemment des profits.
S’il reprend les actifs « pourris », il socialise les pertes en laissant aux actionnaires la possibilité de récupérer leur mise.
C’est ce qui me gênait dans le plan Paulson, et que je voulais exposer avant de tomber sur l’entretien du Monde avec Henri de Castries. Et j’ai bien fait d’attendre, car l’article sur Telos donne des clés de compréhension du plan Paulson et des solutions alternatives
La clé de compréhension est simple : le problème actuel est qu’il devient difficile d’évaluer les actifs. Le plan Paulson permet à la fois de soulager les pertes de la banque et de la libérer de l’incertitude sur sa valeur, peut être le plus important pour restaurer la confiance.
La solution alternative consiste à prendre du capital dans la banque. C Tille propose une solution qui permet de faire payer au final les pertes en priorité aux premiers actionnaires, l’Etat étant premier bénéficiaire de bénéfices. La solution normale serait une opération d’accordéon : la valeur des actions actuelles est divisée par x et on fait une augmentation de capital sans sur valeur. Je suppose que faire cette opération demande un délai dont on ne dispose pas.
Pour l’instant, les Etats Européens ont simplement garantis les créances citoyennes et sauvé quelques banques sans sauver leurs actionnaires. Mais il n’est pas sûr qu’ils puissent s’exonérer d’un soutien aux banques insolvables. Les propositions de C Tille sont dans ce cas à ne pas oublier !
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