Maintenant que s’éloigne la perspective d’une crise financière qui ferait chuter les banques les unes après les autres,n comme des dominos, les gouvernements commencent à se préoccuper des moyens d’éviter la récession économique qui parait bien s’installer en Europe
Dans le
Monde de ce mercredi, Jean Pisani Ferry constate que tout concourre à la
récession et que dans ces conditions, « Keynes nous a appris qu’il
revient à l’Etat de s’endetter quand plus personne, dans l’économie privée ne
veut le faire ». Et ce malgré le lourd endettement de nombreux Etats
(dont le notre) qui se sont endettés lorsqu’ils auraient dû épargner.
Justement, on apprend ce soir que le Royaume Uni est en train d’organiser une politique de relance keynésienne, à base de grands travaux. Et qu’il peut se le permettre, parce que son endettement n’est que de 37.9% du PIB contre 56.4% dans la zone euro (et plus de 65% dans notre pays). Gordon Brown bénéficie ainsi de la politique qu’il a mené comme ministre des finances à la fin des années 1990. Comme je l’ai déjà fait remarquer, il avait profité de l’expansion pour faire passer son pays d’un déficit public supérieur à 3% en 1997 (comme celui de la France) à un excédent au début 2000, quand la France, après une politique raisonnable avec DSK, avait distribué ou dépensé les bonnes recettes fiscales. Le processus s’étant renouvelé lors de la reprise suivante, notre pays n’a pas les marges de manœuvre de nos voisins d’outre manche.
Pourtant, je me pose la question : est il sage de faire une politique de relance, qu’elle soit à base de déficits ou de baisse massive des taux de crédit ? Après tout, Alexandre Delaigue proclame à qui veut l’entendre que ce genre de politique conjoncturelle n’a pas d’impact sur la croissance à long terme. Autrement dit, une récession plus forte serait compensée par une reprise plus vigoureuse ensuite ;
Le raisonnement a bien sûr ses limites. L’exemple de la crise de 1929 montre qu’une profonde récession, outre ses coûts sociaux, peut casser durablement les ressorts de la croissance, au point d’affecter probablement la tendance de la croissance moyenne à long terme.
Mais on peut aussi remarquer que les mesures prises pour éviter les précédentes récessions ont produit en partie les conditions des suivantes : à force de faire du Keynésianisme on a produit la stagflation des années 70, à force d’émettre des liquidités pour éviter le « crédit crunch », on a augmenté la taille des bulles spéculatives, on a renforcé l’économie d’endettement. Dans son article hier, Jean Pisani Ferry remarque que les ménages américains n’épargnaient plus du tout mais voulait s’enrichir malgré tout et que certains pays émergents avaient des déficits extérieurs de 5 à 10% de leurs PIB (20% en Lettonie). Le cas de l’Islande est là pour rappeler les risques de vivre durablement au dessus de ses moyens.
On sait qu’avoir un budget strictement équilibré n’est pas nécessaire en permanence pour un ménage comme pour un pays. On sait aussi qu’il arrive des situations ou l’endettement est excessif. La limite n’est pas facile à fixer. Le traité de Maastricht en fixe. C’est forcément discutable mais on ne peut que se réjouir que ces limites aient empêché les gouvernements français successifs de faire plus de bêtises !
Aujourd’hui, il nous faut sortir d’une économie d’endettement qui a été manifestement excessive ; Si le retour du bâton se fait d’une façon trop profonde et rapide, nous risquons la très forte et durable récession que nous avons tous intérêt à éviter. A contrario, si la volonté d’éviter la récession nous conduisait à rester dans nos errements précédents, tout porte à croire que la prochaine crise serait encore plus grave que celle que nous connaissons aujourd’hui.
Malheureusement, il n’est pas si facile de régler l’économie pour un atterrissage en douceur, un changement progressif, une récession réelle mais limitée !
Finalement, la seule chose de sûre, c’est qu’il faudrait augmenter le taux de croissance à long terme qui semble passé en dessous de 2% l’an chez nous. Mais je risque de parler encore de C Blanc : je préfère arrêter là !
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