Il est d’usage de regretter que la banque centrale européenne (BCE) n’est qu’un objectif de lutte contre l’inflation, alors que son homologue américaine cherche également à favoriser la croissance. Ne faut il pas reconsidérer cette idée au regard de la crise financière qui sévit outre atlantique et de ses répercussions en Europe ?
C’est la lecture des motions du parti socialistes pour le congrès de Reims (motions que je voudrais comparer sur quelques points clés) qui m’a remis en face de l’antienne que nous avons entendu à satiété pendant la campagne référendaire sur la constitution européenne.
Je lis ainsi dans la motion E, celle de Gérard Collomb et de Ségolène Royal :
Intégrer,comme la réserve fédérale américaine, la croissance et l’emploi parmi les objectifs de la Banque centrale européenne, au même titre que l'inflation
La motion D, celle de Martine Aubry, n’est pas en reste
Nous souhaitons que les objectifs de la banque
centrale soient redéfinis pour intégrer,sans renoncer à la lutte contre
l’inflation,la croissance et l’emploi
On ne pouvait attendre des « nonistes » de la motion C autre chose que le texte suivant :
Une autre politique monétaire
Il est temps de revenir sur l’indépendance de la BCE et
sur ses statuts. Son seul objectif ne peut être la lutte contre l’inflation.
Elle doit prioritairement soutenir la croissance et l’emploi en revenant sur
les politiques de resserrement du crédit et sur le choix de l'euro fort
La motion A de B Delanoë ne suit pas cette logique : elle souligne simplement que les mécanismes d’union économique prévus par les traités à coté de l’Union monétaire, n’ont pas été mis en place
Effectivement, la réserve fédérale américaine a pour objectifs de lutter contre l’inflation et de favoriser la croissance. Le premier objectif l’a amené au début des années 80 à pratiquer des taux d’intérêts très élevés, ce qui a permis de casser l’inflation (aux USA bien sûr, mais les pays européens et la France ont de fait suivi).
Le deuxième objectif l’a amené à baisser fortement ses taux d’intérêts à d’autres périodes, et à laisser filer la masse monétaire à chaque menace de récession ou à chaque période de crise dans une région ou une autre (Mexique, Asie, Russie)
Parmi les arguments mis en avant par les dirigeants de la BCE pour ne pas baisser leurs taux figurent notamment les taux de croissance jugés trop élevés des masses monétaires (il y a plusieurs critères de mesures). D’où une politique moins laxiste que celle de son homologue américaine ;
Il me semble qu’il y a un lien entre ce laxisme de la banque fédérale américaine et le gonflement de bulles spéculatives ou la distribution de crédits immobiliers à tout va
Cela ne suffit il pas à se réinterroger sur les « évidences » concernant la BCE ?
Ne devons nous pas au contraire la remercier de « ses politiques de resserrement du crédit » ?
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