C’est la question qu’on se pose au sujet de la crise financière en cours. Les banques les plus fragiles ont elles été éliminées pour laisser la place aux plus saines, la Bourse est elle tellement descendue qu’elle ne peut plus que remonter ou faut il encore d’autres mauvaises nouvelles avant de commencer un rebond ?
Il est d’autant plus difficile de répondre à cette question que certains imaginent qu’il n’y a pas de fond à toucher, qu’on peut aller jusqu’à une faillite complète du système. Il est vrai que les marchés semblent ignorer les efforts très importants fait par les Etats et les banques centrales pour rétablir la confiance, que les banques semblent toujours répugner à se faire mutuellement crédit, que la bourse ne cesse de baisser
Dans ce climat angoissant, mon financier préféré se demande lui aussi si on a touché le fond et fait une remarque surprenante pour estimer que c’est peut être bien le cas. Il observe en effet que tous les intervenants sont pessimistes et que c’est ce qui annonce habituellement un retournement de tendance ! La remarque est plus logique qu’elle ne paraît à première vue. S’il y a des gens qui restent optimistes, ils peuvent devenir pessimistes, donc la situation (basée essentiellement sur des croyances) peut encore empirer. Au stade où nous en sommes, il n’y aurait plus de place pour une méfiance aggravée.
Et mon financier de citer celui qu’il suit depuis longtemps, le milliardaire Warren Buffet, qui a fait pour 40 milliards d’achat depuis quelques mois, en profitant des cours très bas.
Il est vrai que le niveau des cours ne semble plus reposer sur la moindre logique. Le patron du groupe de promotion immobilière Nexity remarquait il y a quelques jours dans Le Monde que la valorisation boursière de son groupe était inférieure à la valeur de sa seule participation dans le Crédit Foncier, alors qu’il fait actuellement une marge d’exploitation de 8% l'action a encore baissé depuis !). Cela signifie que le marché ne retient absolument que les mauvaises nouvelles et ignore tous les éléments positifs, de la même manière qu’au plus haut de la bulle Internet, arrivé à des niveaux de valorisation sans rapport avec la réalité, le marché ne voulait voir que les hypothèses les plus optimistes et les seules bonnes nouvelles. En fin de semaine, le CAC 40 valorisait les entreprises à 6,5 fois les bénéfices annuels. Je me souviens d’un temps déjà assez ancien, quand les journalistes essayaient d’expliquer contre toute logique que la valorisation de l’époque, 20 fois les bénéfices, était normale…
Les marchés se retourneront probablement quand suffisamment d’intervenants prendront conscience que les niveaux atteints à la baisse sont complètement irrationnels. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI vient de déclarer qu’il y encore un potentiel de baisse de 20%. C’est du moins ce qu’annonce la radio. Je ne serais pas surpris que nous n’ayons ici qu’une partie de sa déclaration conduisant à déformer le sens de ses propos. Il est vrai qu’au rythme observé la semaine dernière (le CAC 40 a baissé de 22,16%), les – 20% seront vite atteints !
Le Monde , dans un article sur la tour de La Défense achetée à prix d’or par Lehman Brothers, note que des groupes d’investisseurs « opportunistes » se constituent pour faire de bonnes affaires en rachetant de l’immobilier à des prix bas. L’un d’eux aurait déjà réuni 1,2 milliards d’euros dans ce but.
On imagine bien que de tels investisseurs cherchent à acheter au plus bas. Ils ont à priori intérêt à ne pas acheter trop tôt, avant que le marché n’ait vraiment touché le fond. Mais ce raisonnement ne vaut que si la baisse est forte, pas si elle se limite à quelques pour cent sur un mois. Ont ils à craindre d’acheter trop tard ? Si reprise il y a , elle sera forcément progressive, et les bourses mettront probablement plusieurs années à re prendre tout ce qu’elles ont perdu depuis un an. Acheter un mois ou trois mois après le rebond ne devrait donc pas être trop grave. Mais il y aura peut être, au moment du rebond, une première hausse assez forte (10% en quelques jours par exemple) dont bénéficierait celui qui aura acheté avant. Au final, si l’idéal est d’acheter au plus bas, il vaut mieux sans doute être trop patient que pas assez, la difficulté étant bien sûr d’identifier qu’on est dans le vrai rebond et non pas dans une simple pause dans la baisse.
Une position personnelle pour conclure : je suis en train de m’organiser pour procéder à des achats en bourse dans les semaines qui viennent, pour profiter des très bonnes affaires qui se présentent.
Les commentaires récents