Deux chaînes se promenaient ce mois ci sur des sites que je fréquentais et je me demandais si l’une des deux arriverait jusqu’à moi, quand et par qui. Et puis je les ai perdu de vue. Finalement, j’ai droit à la plus intéressante des deux et par un blog que je venais juste de découvrir, celui de Cimon.
Le principe est de répondre à l’objet de la chaîne puis de désigner les victimes suivantes. En pratique, les blogueurs étant des gens sérieux, ils estiment indispensable de justifier le fait qu’ils participent à un exercice aussi enfantin qu’une chaîne, ou à défaut de réfléchir savamment au concept même.
Je ferais donc comme tout le monde, en commençant par la justification la plus légitime : cette chaîne est suivie de manière tout à fait scientifique par Tom Roud, qui de plus vient commenter de temps en temps ici.
Il y a donc des chaînes sur les blogs (je devrais dire entre les blogs). J’ai déjà répondu à l’une d’elles et comme je le dis en entrée, il en existe une sur les lectures en cours. Le fait qu’elles se propagent est révélateur d’une des caractéristiques majeures du blog : apparemment c’est un exercice assez solitaire et narcissique, en réalité c’est (aussi ?) un outil de discussion. La propagation des chaînes reflète le souhait des blogueurs de discuter avec d’autres, de la même manière que les liens qu’ils affichent soulignent non seulement qu’ils lisent d’autres blogueurs, mais aussi qu’ils appartiennent de fait à une ou plusieurs communautés.
Je suis aussi sensible à cet aspect de communauté : il n’est pas sûr que je continuerais à bloguer s’il n’y avait pas Lieu Commun et la République des Blogs.
Maintenant que j’ai fait les commentaires qui s’imposent sur cette chaîne, je peux passer au plat principal : pourquoi je blogue ?
J’ai déjà dit que c’est Nicolas (Versac) qui m’a incité à bloguer. A l’époque, je voulais publier pour diffuser mes idées et celles d’Energies Démocrates. En pratique, je ne me suis jamais cantonné aux sujets purement politiques ni aux thèmes du parti où je militais.
J’avais déjà laissé des commentaires sur des forums, en particulier celui de l’Ami Public, mais je ne trouvais pas cela satisfaisant : sur les forums, cela part dans tous les sens, il n’y a pas de vrai dialogue et la qualité des arguments laisse beaucoup à désirer. De ce coté, je suis vraiment satisfait des blogs : l’article de départ permet de bien cerner un sujet, et on trouve, au moins sur certains blogs, des articles et des discussions de grande qualité
Pourquoi je continue ? Je me le suis demandé plusieurs fois. Pour l’instant, cela fonctionne un peu comme une drogue : il faut écrire.
De fait, il y a des moments où j’ai envie d’exprimer une réaction spontanée à un événement ou une réflexion : par exemple mon article récent sur Renault et son PSE, à partir d’une émission des Guignols.
D’autres fois, j’ai simplement une idée d’article. Généralement je passe à l’acte mais parfois l’idée traîne sans que j’écrive puis je l’oublie et est elle n’est plus d’actualité.
Puisqu’il faut trouver des raisons, j’en citerais trois :
Bloguer m’oblige à clarifier mes idées en les formalisant. Je pense avoir généralement des intuitions assez justes, mais qui demandent à être précisées, ordonnées, justifiées, simplifiées, expliquées. Et je sais que je reste encore trop souvent elliptique.
Par exemple, après les municipales, j’ai été frappé de la manière dont le MODEM en particulier, et les petits partis en général, s’appuyaient sur des résultats isolés pour mesurer leur force. J’ai donc écrit un article qui, en tirant cette logique jusqu’au bout, aboutissait au résultat paradoxal qu’à eux deux, l’UMP et le PS ne regroupaient en réalité que moins de 10% des électeurs. Je pensais qu’il était évident qu’il s’agissait de second degré : et bien non ! Mon article a été cité dans des forums comme preuve de la force des petits partis, et les commentaires ont montré que les lecteurs n’avaient pas compris le second degré. J’ai fini par rajouter un post-scriptum plus explicite.
L’article que j’ai écrit récemment sur la crise financière dans lequel je revenais aux basiques a justement été apprécié pour cela : Palpatine l’a qualifié de « la crise économique pour les nuls » et koz a écrit que c’était « compréhensible par un bourricot ». Il faudra que j’essaie d’être aussi pédagogue dans d’autres billets. Mais à vrai dire les explications sur le sujet sont plutôt à lire sur les blogs économiques, par exemple chez Optimum (y compris le commentaire de Gizmo)
Deuxième raison : écrire m’amène à faire des recherches qui m’apprennent quelque chose. Cela peut être un point de détail, comme l’étude comparée des résultats de l’UDF aux régionales et aux européennes de 2004, pour conclure que le parti centriste n’est pas avantagé par un scrutin qui porte sur un de ses sujets de prédilection. Tout cela pour répondre à un commentaire.
Cela peut être sur des sujets plus complets : mes articles sur la Gauche m’ont beaucoup appris, de même que ceux sur le logement.
Troisième raison : je continue à bloguer parce que je suis lu (à cet égard, merci Lieu Commun !) et qu’il y a des lecteurs qui engagent la conversation sur des commentaires. Mon blog est un lieu de partage de la connaissance, connaissance qui j’ai fait l’effort de clarifier et parfois d’aller chercher : s’il n’y a personne pour la lire, il n’y a pas de partage.
Je ne me contente pas de partager de la connaissance, je donne aussi un point de vue. Mais je crois essayer d’appuyer mon point de vue sur des éléments factuels.
En implicite de la question, « pourquoi bloguer ? » , il y a « pour un scientifique ». Je suis de formation scientifique. Mais j’ai quitté les sciences de l’ingénieur pour travailler aujourd’hui dans les ressources humaines. J’essaie pourtant de garder une attitude scientifique : partir des faits, essayer de les comprendre, de les expliquer, pratiquer le doute et accepter la contradiction quand elle utilise les mêmes méthodes.
J’aborde des domaines assez variés, allant jusqu’à raconter mes vacances ou à parler religion. Le blog me donne cette liberté formidable qui consiste à aborder des sujets divers, selon mes envies.
C’est cependant dans la catégorie « social » que je publie le plus, et j’ai l’impression que c’est de plus en plus vrai. Sur 100 articles publiés depuis le 12 avril, j’en ai rangé 45 dans la rubrique « social », 19 dans la rubrique politique et 12 dans la rubrique « économie ». Une grande partie des articles classés « social » renvoient à mon expérience professionnelle. Ce sont de fait ceux qui me demandent souvent le moins de recherche, mais ils m’ont aidé (un peu) dans mon travail, en me faisant lire des études et bien sûr en m’obligeant à clarifier mes idées.
J’ai cherché récemment des blogs qui aborderaient les mêmes sujets sociaux que moi, et je n’ai trouvé que des sites de professionnels présentant leurs activités ou des sites institutionnels. Il est vrai que ma recherche a été rapide. Mais cela tendrait à prouver, soit qu’il ne s’agit pas d’un vrai sujet, soit que mon site à quelque utilité.
Il me reste à désigner les suivants sur la chaîne. Je passe donc le relais à Denys, Aymeric (qui m'a récemment encouragé à continuer à bloguer mais ne le fait guère lui même)et Petit Jardin
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