Les grandes
plumes de la blogosphère se chamaillent avec les (grandes ?) plumes des
médias officiels traditionnels. Versac, Embruns et Koz contre Birenbaum
et Apathie : comptez les points ! Les premiers pensent montrer aux
seconds que les règles des blogs ne sont pas celles qu’ils connaissaient
ailleurs quand les seconds veulent exporter sur le Net leur popularité
audience.
Il y a un
petit jeu qui ressemble à de la concurrence entre journalistes et blogueurs.
Les seconds n’hésitent pas à pointer les erreurs ou limites des premiers (et je
ne suis pas le dernier à entrer dans ce jeu quand mon quotidien préféré fait du
mal journalisme, lui qui se targue d’être le journal de référence). Certains de
ceux des premiers qui se lancent dans
le blog ne se rendant pas bien compte que des habitudes et des auteurs se sont
installés avant leur arrivée.
Il est tentant pour un bon journaliste, rodé par une pratique d’écriture ancienne, de croire que son professionnalisme surclassera sans difficulté les amateurs que sont au sens propre ceux pour qui le blog est une activité annexe à leur carrière professionnelle, et qui la pratiquent sans but lucratif.
Au-delà du fait que la liberté totale de concurrence du Net a fait émerger des blogs de grande qualité (lisez Koz ou Jules par exemple), il faut noter (et c’est le sens de mon titre) que la blogosphère pratique complètement ce qu’a apporté mai 68 : il n’y a pas de mandarins et on peut se permettre de discuter d’égal à égal avec qui que ce soit.
Cette caractéristique n’a pas que des avantages. Je déplore qu’en politique elle ait conduit les jeunes générations à faire une telle abstraction du passé qu’ils ne peuvent en tirer les leçons. Elle conduit certains à pouvoir dire tout et n’importe quoi. Mais pour les plus sérieux elle est aussi très exigeante : il n’y a pas de situation installée, il faut refaire ses preuves en permanence ; Un lectorat se gagne plus vite qu’avec les médias traditionnels, mais il peut se perdre aussi vite que Chantal Goya a perdu un soir sa crédibilité.
Jules notait il y a quelques jours une première : en reprenant l’information citée sur le blog « Journal d’un avocat » à propos d’une assistante sociale dénonceuse de sans papiers, et en citant leur source, les grands journaux ont peut être fait une révolution douce.
Il me semble pourtant qu’on n’en est pas encore là en politique, comme je le notais en commentaires chez Jules :
Je ne sais pas s'il faut voir là une évolution vis à vis des blogs en général ou un phénomène particulier.
Eolas a aujourd'hui réalisé ce qu'aucun autre blog n'a fait. Son nombre de lecteurs quotidiens (plus de 5000 apparemment) en fait un média juridique qui peut certainement très largement se comparer en audience à la presse spécialisée. D'après les commentaires, on peut penser qu'une part non négligeable des lecteurs d'Eolas sont eux même des juristes Pour son article sur l'annulation d'un mariage par le tribunal de Lille, il a reçu 1500 commentaires, chiffre proprement incroyable.
En conséquence, il devient logique pour le détenteur d'une information comme celle de la dénonciation d'un sans papier par une assistance sociale, de la communiquer à Eolas plutôt qu'à un média quelconque. D'autant plus que chaque lecteur du Journal d'un avocat sait l'intérêt qu'il porte à la question des étrangers.
La blogosphère juridique comprend outre Eolas, un grand nombre de plumes de qualité, en commençant par Frédéric Rolin (connu lui avant de bloguer), l’auteur de ce blog évidemment, et d’autres encore. On peut s’attendre à ce que Internet devienne sous nos yeux le média de référence pour le droit dans un délai proche.
Cela ne me parait pas mûr pour ce qui est de la politique. Les meilleurs blogs ont quelques milliers de lecteurs quotidiens, très loin du lectorat des journaux traditionnels.
Par contre, on peut se demander si ce qui se passe en droit pourrait se passer en économie dans peu de temps. Au-delà de Ceteris Paribus ou des Econoclastes, puis d’Olivier Bouba Olga ou B Salanié, on a vu ces derniers temps s’ouvrir toute une série de blogs de grande qualité, la désignation récente d’Ecopublix par Challenges en étant un révélateur éclatant.
Bon j’ai été plus long que prévu et je m’aperçois que pendant ce temps Jules m’a pris de vitesse sur le même sujet ! Et tellement mieux que moi en plus !
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