Le plan Campus prévoit de consacrer 5 milliards d’euros supplémentaires(issus de la vente de 5% d'EDF) à l’enseignement supérieur et à la recherche, avec la volonté de favoriser l’accès de 10 pôles universitaires à l’excellence et à la « visibilité internationale. Aux 6 projets retenus le 28 mai dernier se sont en effet ajoutés 4 projets le 11 juillet, dont 3 dans la région parisienne, jusqu’alors non représentée.
La pression gouvernementale et la carotte financière ont réussi cet exploit de regrouper dans un même pôle des universités et des grandes écoles. C’est ainsi que l’université Paris XI (Orsay) cohabite avec l’école Polytechnique, HEC et Centrale Paris, que les universités Paris I, VIII et XIII cohabitent avec différentes écoles (EHESS, EPHE, Ecole des Chartes …).
La France est en train de se doter progressivement des moyens de prendre toute sa place dans l’économie de la connaissance, enjeu majeur pour le niveau de vie de ses habitants. Il est évidemment trop tôt pour savoir si l’effort est suffisant, si les méthodes sont efficaces, si on arrivera à éviter la bureaucratisation mortelle que le ministère de l’industrie voulait imposer aux pôles de compétitivité. Toujours est il qu’on va dans le bon sens.
D’après le Monde, l’UNEF s’est fendu d’un communiqué pour déplorer que « les inégalités se creusent entre universités », au détriment de ces petites universités « qui jouent un rôle essentiel dans la démocratisation de l’enseignement supérieur ». A défaut de penser, il est en effet toujours possible de manier la langue de bois et d’afficher les valeurs suprêmes comme celle de démocratisation.
Dans le système prépa / écoles, les inégalités entre institutions jouent un rôle majeur pour donner leur chance à l’immense majorité des élèves. Chacun passe les concours qui lui semblent à sa portée et en fonction de son classement, se retrouve généralement reçu dans au moins une école. Il y a une compétition féroce pour les meilleurs places mais plus de 90 % des élèves peuvent continuer normalement leurs études : le système fonctionne comme une machine à orienter en fonction des niveaux et non comme une machine à sélectionner par élimination (évidemment, cet état de fait tient aussi à la proximité des effectifs des prépas et de celles des écoles). Les défauts du système résident plutôt en aval. Parce qu’on n’apprend pas suffisamment à penser dans les écoles et parce que les logiques corporatistes d’école font que le diplôme sert de critères de sélection pour les choix hiérarchiques au delà de l’âge de 28 ans.
Certains pourront préférer un système universitaire sans barrière à l’entrée mais qui sépare entre ceux qui réussissent et ceux qui échouent, la proportion des seconds étant bien plus élevée que dans le système précédent. S’il faut un système inégalitaire pour que les étudiants ne sortent pas sans rien du système universitaire, vivent les inégalités !
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