Le prix du baril de pétrole ne cesse de battre des records. Les Français, comme les autres européens, sont frappés au porte monnaie, en particulier ceux qui utilisent le fuel pour se chauffer, le gaz oïl pour travailler ou qui se déplacent beaucoup. Lors des deux premiers chocs pétroliers dans les années 70, la qualité des réactions de notre pays avait été variable,. Qu’en sera-t-il cette fois ci ?
On peut analyser la manière dont notre pays a réagi en 1973 et en 1979 dans deux domaines : celui de l’absorption du choc économique et celui de l’énergie (sa production et sa consommation).
Sur le plan économique, les deux chocs pétroliers se traduisent par un transfert important (quelques % du PIB) de notre pays vers les pays producteurs de pétrole. Au sein de notre pays, ce prélèvement se fait quasi exclusivement sur les entreprises, les ménages étant épargnés. Le résultat est sans appel : le partage de la valeur joutée se modifiant nettement au détriment des entreprises (pratiquement 10 points en moins entre 73 et 83, mais la gauche au pouvoir y a aussi contribué), celles-ci diminuent leurs investissements et le nombre de faillites augmente. A partir de 1973 puis de nouveau de 1980, l‘emploi salarié qui augmentait rapidement depuis la guerre, se met à baisser. Avant que le plan Delors Mauroy ne rétablisse le partage antérieur de la valeur ajouté et aboutisse à une remontée de l’emploi salarié à partir de fin 1985, le nombre de chômeurs aura augmenté de 1.5 millions.
Les Français ont été mieux inspirés dans le domaine de l’énergie, en particulier grâce à l’Etat. Celui-ci accélère la construction d’un parc nucléaire très important et édicte après chacun des deux chocs des normes plus exigeantes en isolation dans le domaine de la construction. Les économies d’énergies sont favorisées fiscalement. Les industriels et les ménages suivent la même voie. Dans le domaine de l’automobile, les constructeurs font de la publicité sur la faible consommation de leurs nouveaux modèles et les conducteurs rivalisent d’astuces pour consommer moins.
L’effort ne va pas se maintenir au même niveau dans les décennies suivantes, le prix du pétrole baissant progressivement en valeur relative. Mais les efforts structurants sur le parc immobilier ou le parc nucléaire, les progrès des industriels, sont durables
Avec un prix du baril qui dépasse aujourd’hui 130 dollars, la France se retrouve dans une situation qui rappelle celles rencontrées lors des années 70.
Sur le plan de l’énergie, les économies les plus faciles sont faites, ce qui ne veut pas dire qu’il est impossible de progresser : ce sera seulement plus long et plus cher. Et on ne peut guère espérer des énergies renouvelables l’apport qu’a été le nucléaire.
Sur le plan économique, le rapport de forces entre les salariés et les entreprises a changé, du moins dans une majorité des cas. Les Français vont devoir se serrer la ceinture, mais peut être cela se traduira t-il par un redressement plus rapide.
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