Pour certains alter mondialistes ce n’est pas la
concurrence qu’il faudrait promouvoir, mais la coopération. Cette remarque reflète
généralement une assez grande ignorance des mécanismes économiques comme du
fonctionnement des organisations. Mais la question n’est pas pour autant sans
intérêt: la concurrence s’oppose t’elle à la coopération, celle-ci doit elle être
parée de toutes les vertus, et si oui, comment la développer?
Notons tout de suite que l’opposé de la concurrence, pour
les économistes, c’est le monopole. Et que l’opposé de la coopération, pour un
organisateur, c’est l’isolement. D’une certaine manière, concurrence et coopération
participent à une conception plurielle de la société, même si c’est d’un point
de vue différent.
Une entreprise en situation de monopole bénéficie d’une
rente de situation: elle peut en effet fixer comme elle l’entend ses tarifs et
donc s’approprier une rente. Par ailleurs, elle n’a aucune raison de chercher à
progresser pour être plus efficace. A contrario, une entreprise confrontée à la
concurrence est obligée d’ajuster ses prix pour avoir des marchés. Si l’un de
ses concurrents améliore son efficacité en faisant évoluer ses produits son organisation
ou ses techniques, elle est obligée de progresser à son tour sous peine de
disparaître.
Le même mécanisme peut favoriser l’entreprise qui paye
moins ses salariés ou moins d’impôts. Les adversaires de ce qu’ils appellent l’ultra
libéralisme pointent du doigt le dumping social et fiscal lié à la
mondialisation. Ils négligent en se faisant l’ensemble des mécanismes en œuvre
dans une économie de marché, ils oublient ou ne comprennent pas que l’économie
fonctionne dans je logique système: la concurrence permet que l’amélioration de
l’efficacité ne soit pas accaparée par le titulaire d’une rente mais qu’elle
profite à tous. Et la concurrence sur le marché du travail peut aussi bien
profiter aux salariés, quand il y a tension (voir en France le cas des informaticiens
à la fin des années 90, celui des infirmières il y a quelques années ou celui
des maçons actuellement).
C’est grâce aux mécanismes de régulation de l’économie de
marché que tous finissent par profiter des progrès réalisés un peu partout. Encore
faut il que ces mécanismes ne soient pas faussés. C’est souvent le cas en
France, le rapport Attali en a montré de nombreux exemples. La fusion ANPE /
UNEDIC est l’occasion de constater que les agents de la première institution ont une rémunération moyenne
de 2000 € par mois et ceux de la seconde une moyenne de 3000 € par mois. Pourtant
les qualifications devraient plutôt être plus faibles à l’UNEDIC. Seul sa
situation de monopole de fait peut expliquer les salaires pratiqués par l’UNEDIC.
La rente de situation profite ici aux salariés de l’institution aux détriments
des ayant droits. Les avantages dont profitent les députés mais aussi le
personnel du Sénat (de l’administrateur à l’aide jardinier, la rémunération
moyenne des salariés du Sénat est semble t‘il d‘au moins 3500 euros par mois)
proviennent de la même possibilité de l’institution d’imposer son prélèvement économique
sur la société.
Le terme de mécanismes
de régulation cache cependant des réalités qui peuvent être très peu réjouissantes.
Exemple. Il y a environ 20 ans, un chimiste américain (je crois) ayant isolé une
molécule aux remarquables propriétés vis-à-vis de l’eau, quelqu‘un a eu l’idée
de l’utiliser dans les couches pour bébé (et autres produits équivalents)
assurant un saut qualitatif important,
sanctionné assez rapidement par le consommateur qui s’est détourné des anciens
produits pour adopter les nouveaux.
On se demande en passant si le principe de précaution
aurait permis de faire une telle innovation qui aurait pu menacer les fesses de
nos chers anges. A priori, tant qu’on n’a pas prouvé le contraire, qu’est-ce
qui prouve que ce produit ne donnera pas le cancer dans 10 ans, ou pourquoi pas
la stérilité quand les enfants seront adultes? Non, qu’on attende!
Or donc les concurrents de l’inventeur n’ont eu comme
solution que d’acquérir fort cher le brevet ou de disparaître. Certains ont
effectivement disparus et leurs salariés se sont retrouvés sur le carreau alors
qu’ils n’avaient aucunement démérité. N’aurait il pas mieux valu partager
entre tous les acteurs l’innovation en question et préserver ainsi les intérêts
des consommateurs comme des salariés, demanderont alors les partisans d’une
société plus humaine? Sans préciser bien sûr comme fonctionnerait en pratique
le système préconisé (surtout quand les mêmes sont les farouches partisans du
maintien des corporatismes).
La réalité est que l’économie de marché, le système
concurrentiel fonctionnent par essais / erreurs de manière massive. Et les
erreurs finissent par être corrigées, même si ce n’est pas toujours rapide. Au
contraire, un système bureaucratique se caractérise par le conservatisme et une
beaucoup moins grande tendance à corriger les erreurs ou à diffuser les progrès.
La chute du rideau de fer a ainsi été l’occasion de comparer les progrès écologiques
réalisés de chaque coté de la frontière: le résultat était édifiant, tant la
différence était massive.
Je m’aperçois que je n’ai toujours pas parlé de coopération:
ce sera pour un prochain billet!
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