Dans un article en une du Monde sur les grèves, une affirmation m’a fait sursauter : les dépenses contraintes seraient passées de moins de 50% en 2001, à 75% en 2006 pour les ménages les plus modestes. Une enquête s’imposait pour convaincre le Monde une nouvelle fois de mal journalisme
En réalité, l’affirmation du Monde est presque juste : il y a bien un rapport récent de l’INSEE et on y trouve un beau graphique (page 28) qui montre la forte contrainte des dépenses contraintes pour les deux déciles les moins aisés. Bien sûr, il a fallu que le journaliste exagère : le ratio est passé d’un peu plus de 50% à un peu moins de 75%. Ce qui est déjà énorme : les dépenses non contraintes se voient réduites d’un bon 40% de leur valeur initiale !
Reste que l’affirmation, même venant de l’INSEE, parait étonnante. Mais depuis que j’ai cru que les résultats de Gary Bobo étaient impossibles, je me méfie. Donc regardons d’un peu plus près !.
Précisons d’abord que la notion de dépenses contraintes n’est pas d’une grande précision : c’est le rapport lui même qui le dit puis qui l’explique de manière détaillée. Mais on peut toujours se donner une définition, et c’est ce qui a été fait ici. L’idée est qu’il s’agit de dépenses qu’on ne peut pas réduire facilement ni rapidement.
Sous le graphique, une explication montre comment on peut le lire et précise que le poids des dépenses de logement est passé de 31 à 44% de leur revenu. On sursaute : les loyers auraient ils pris 50% de hausse en 5 ans, y compris dans des HLM ? Et puis on observe que la phrase est un raccourci et que les dépenses en question sont celles liées au logement : le loyer bien sûr, mais aussi le chauffage. Et on peut admettre que celui-ci a beaucoup augmenté.
Mais pour arriver au résultat, il faut que le reste des dépenses aient augmenté lui aussi d’environ 50% (de 52-31=21 à, 74- 44=30). Dans ce reste on trouve trois postes :
Les assurances, qui semblent avoir beaucoup augmentées dans l’ensemble des ménages (on cite en haut un passage de 6.6% à 8.8% soit +30%) mais encore plus pour les ménages modestes,
les remboursements, ce qui parait logique si les ménages voyant leur pouvoir d’achat diminuer se mettent à emprunter
les impôts ce qui l’est sans doute moins pour les ménages les plus modestes qui ne payent pas(ou peu) d’impôts sur le revenu.
En conclusion on comprend comment l’augmentation du prix du pétrole a pu beaucoup peser mais on reste surpris du résultat.
Mais à priori l’INSEE est fiable !
Dans tous les cas, le coup est très rude pour ces ménages modestes puisqu'il conduit à ce que les dépenses non contraintes soient preque divisées par 2!.
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