Quand un artiste « pète les plombs », on peut observer nombre des aberrations sur lesquels fonctionne notre société. Après avoir tout cassé dans des locaux de l’Etat, Bartabas considère qu’il a droit à un minimum de respect et non aux poursuites judiciaires entraînées par ses actes. Mais son histoire montre une série de dysfonctionnements à relever
Le responsable de l’Académie Equestre est convoqué à la direction régionales des affaires culturelles (DRAC) de l’IIe de France trois heures avant un spectacle qu’il donne.
Parce qu’en France, quand un service public veut vous voir, il vous convoque. Prendre contact pour convenir ensemble d’un jour et d’une heure, c’est une drôle d’idée, que seuls des gens du privé peuvent avoir. Il y a longtemps, je préparais ainsi avec une grande administration, un colloque qui devait regrouper une centaine de responsables (préfets ou directeurs d’administration centrale). J’ai fait remarquer qu’il faudrait prévenir ces personnes à l’avance mais on m’a dit que ce n’était pas utile, qu’on les convoquerait !
Comme on lui a dit que sa subvention serait baissée de 4% comme celle des autres, le metteur en scène a tout cassé dans les locaux. Quinze jours après les faits, il ne regrette rien. Il est vrai que la méthode consistant à tout casser pour obtenir des sous est éprouvée depuis longtemps, les agriculteurs ayant montré la voie. Alors pourquoi se gêner ? Puisque de toute façon sa cause est juste puisque c’est la sienne et que dans un univers corporatiste, chacun doit défendre sa catégorie.
Après la casse ; Bartabas a été arrêté et gardé en garde à vue, ce qui l’a empêché de se rendre au théâtre pour son spectacle, « ce qui est faire preuve de mépris ou au mieux d’incompétence". Du coup, il demande des excuses à la ministre !
Effectivement, arrêter les casseurs, c’est vraiment faire preuve de mépris. Et chacun sait qu’un artiste est au dessus des lois puisqu’il est artiste !
On apprend plus loin dans l’article du Monde, que le fondateur de l’académie équestre espérait au début équilibrer les comptes sans subventions, avec les visiteurs, la diffusion et le mécénat. Mais tout cela est en dents de scie. C’est ce qui arrive quand on vise l’équilibre ; par définition il y a des hauts et des bas, et donc des années en déficit. C’est déjà l’intérêt d’avoir en moyenne des bénéfices : les années basses ne sont pas forcément dans le rouge et on a des réserves ; mais chacun sait que les bénéfices, c’est mal !
Il a donc fallu chercher des subventions : l’Etat en a donné, la ville de Versailles et le département des Yvelines aussi mais la région a refusé de verser au pot. Parce que dans notre pays, le mélange des responsabilités oblige à solliciter des tas de collectivités. Et il a suffit ici qu’une sur 4 refuse pour que plus rien ne marche !
Enfin, on refuse d’aider une académie qui se veut unique et qui s’exporte dans le monde entier, mais selon des critères « que l’administration a du mal à percevoir ». Parce qu’en France, on préfère confier à des fonctionnaires le soin de savoir ce qui dans l’art mérite d’être aidé, le public étant comme chacun sait incompétent.
C’est fou comment un seul article du Monde peut révéler notre société !
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