Régulièrement l’OCDE pointe les rigidités du code du
travail comme une des causes de notre chômage plus élevé que celui de nos
voisins et régulièrement d’autres voix rétorquent que le travail précaire donne
aux entreprises plus de flexibilité qu’elles n’en ont besoin. Le président
Sarkozy semble avoir renoncé à l’idée du contrat unique mais pas à celle de réformer
le code du travail, et François Fillon semble même vouloir intervenir avant la
fin des négociations entre les partenaires sociaux sur le sujet, dont le terme
avait pourtant été fixé à la fin de l’année. Essayons de faire le point sur la
situation.
Le sujet étant vaste et complexe, et pour éviter de le traiter dans un article
trop long et illisible, j’ai préféré le diviser en plusieurs parties.
J’aborderais donc successivement la question du SMIC,
celle des différents contrats de travail au regard de la protection qu’ils
apportent ou pas, celle du droit de licenciement collectif et enfin celle de la
sécurisation des parcours professionnels qui pourrait servir de conclusion.
Au passage, je rappelle que je ne suis pas juriste (et
peu attiré par cette matière pourtant brillamment commentée par tant de mes
collègues de Lieu Commun) et que je m’intéresse plutôt au coté socio économique
des choses. J’espère que ceux de mes lecteurs qui connaissent bien ces sujets
(par exemple Aymeric ou Christophe) ne relèveront pas trop d’erreurs!
Une remarque et quelques données pour terminer cette
introduction
D’abord pour souligner que les ministères du travail
successifs n’ont pas cessé d’intervenir depuis 30 ans pour rajouter de nouveaux
textes ou modifier les précédents, pour inventer un nouvel outil de lutte
contre le chômage. Au point qu’on peut se demander si ce n’est pas en soi un élément
d’inefficacité: quand une loi est votée, un nouveau dispositif défini, il faut
rédiger les décrets d’application, informer les intervenants des services de l’État,
faire connaître les modalités du système. Tout cela prend du temps et au bout
de deux ans, quand les acteurs sont à peu prêts formés, quand le dispositif
commence à porter ses fruits, on annonce son remplacement par une nouvelle méthode.
Et bien sûr, jamais on ne prend le temps d’évaluer l’efficacité de ces
dispositifs, ou si on le fait, on ne connaît les résultats que quand ce qui a été
évalué fait déjà parti du passé.
Quelques chiffres pour finir.
Avec un taux de chômage supérieur à 8%, la France se
retrouve à la traîne en Europe, seulement dépassée sur ce point par la Pologne
et la Slovaquie. Et ne rentrent pas dans ces comptes les quelques 420 000 plus de 57 ans qui sont dispensés de
recherche d’emploi.
Le chômage des jeunes est important, en particulier pour
ceux qui ne peuvent mettre en avant aucune qualification. Pour ces derniers,
trois ans après leur sortie du système scolaire, le taux de chômage atteint
entre 40 et 50 % selon les années!
Enfin, la durée de recherche d’emploi est particulièrement
importante. Le double effet d’une forte instabilité de l’emploi (plus d’un
tiers des salariés ont quitté un an après l’emploi qu’ils occupaient au début d’une
année) et d’une forte insécurité (la durée de chômage, plus forte chez nous que
chez beaucoup de nos voisins) peut expliquer le pessimisme des français. Encore
que les plus protégés sont les plus inquiets!
Notons enfin que le niveau actuel du chômage est le plus
bas depuis très longtemps, qu’en dix ans il a baissé d’un bon tiers. Ces progrès
sont encourageants mais évidemment encore insuffisants. Prouvent ils que nous
sommes sur la bonne voie? Le président de la république a fixé un objectif d’un
taux à 5% à la fin de son quinquennat mais il estime manifestement que des réformes
sont nécessaires pour y parvenir. Or nous semblons entrer dans une période de
croissance plus faible ce qui n’est pas rassurant !
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