Un français qui épouse une américaine donne l’occasion à ses proches de découvrir la société américaine à travers ce qui reste un rite collectif majeur. J’ai donc cherché dans la manière dont s’est déroulé ce mariage à découvrir des pratiques et ce qu’elles peuvent révéler de nos peuples respectifs. Au-delà du fait que je n’ai aucune compétence d’ethnologue, la difficulté est de savoir identifier parmi les caractéristiques observées celles qui tiennent du pays(en l’occurrence les USA mais aussi à l’intérieur de ceux-ci l’Alabama et le sud en général), du milieu social ou de la religion pratiquée. Je reviendrais dans un prochain article sur l’aspect plus proprement religieux de la cérémonie et m’en tiendrais ici aux aspects « civils », du mariage proprement dit comme de l’ensemble des festivités auxquelles il a donné lieu.
Un mot d’abord sur le milieu social. Si le père du marié fait partie de ces nombreux cadres supérieurs français qui ne peuvent pour autant compter comme des dirigeants, la famille de la mariée appartient manifestement à la haute bourgeoisie de la ville universitaire où elle réside. Plus précisément à la bourgeoisie universitaire. Et celle-ci est manifestement plus proche du monde des affaires qu’en France d’une part et mieux rémunérée d’autre part.
En France, le père de la mariée, docteur en sociologie et professeur d’université, serait considéré d’abord comme un intellectuel. Personne n’insiste sur le fait que sa rémunération commence à 3000 euros environ et fini à peu près au double, sans compter diverses indemnités comme le note joliment le site du ministère. Aux USA, ce professeur réalise des interventions rémunérées à l’extérieur, interventions qui s’appuient sur sa science accumulée mais qui la nourrissent également. Cela peut exister aussi en France mais probablement à un niveau nettement moins important. Et moins lucratif.
Mais c’est le grand père de la mariée qui avait manifestement le mieux réussi. Docteur en géologie ayant énormément voyagé (un de ses vieux amis égyptiens était là au mariage), fonctionnaire pendant au moins trente ans, sa compétence scientifique est suffisamment reconnue pour qu’il fasse partie de l’Académie des sciences au niveau fédéral. Arrivé en fin de carrière, il a lancé sa propre entreprise (qui compte aujourd’hui une centaine de personnes) sur les problématiques d’environnement, profitant autant de son carnet d’adresses que de sa connaissance des dossiers. En France, on voit des hauts fonctionnaires pantoufler et faire profiter leur employeur privé de leur carnet d’adresses mais pratiquement jamais monter leur boîte !
On notera pour finir l’ouverture sur l’étranger manifesté usuellement par la famille de la mariée, ce qui explique que celle-ci ait pu venir faire des études en France et que le fait pour elle d’épouser un français ne pose pas de difficultés.
Le milieu social se traduit évidemment par les lieux qui ont abrité les festivités comme dans le nombre d’invités. A deux occasions, on a eu droit à des musiciens professionnels (sans compter la chorale à l’Eglise). Tout était absolument parfait (c’était vraiment top !) tout en gardant cette absence de caractère guindé, cette mise à l’aise que seule la vieille bourgeoisie sait vraiment faire au milieu des richesses.
Il reste que des différences dans les pratiques viennent manifestement des habitudes locales, Habitudes bourgeoises probablement, mais américaines sûrement.
La première surprise se fait au moment des invitations. Nous en avons reçu pour 4 événements qui avaient lieu avant le mariage proprement dit. Il y a eu au total 5 moments de fêtes. Celle qui a suivi le mariage, en fin d’après midi, était ouverte au plus grand nombre d’invités (plusieurs centaines) et ressemblait à ce qu’on appelle chez nous le vin d’honneur. Elle s’est terminée par un temps de danse (clos à minuit !) mais c’était ici une importation française.
Avant, il y a eu un barbecue organisé par des amis de la famille, puis un voyage / pique nique sur la rivière à bord d’un bateau affrété pour cela par les amis de la paroisse. Ensuite un déjeuner / jazz offert par les grands parents de la mariée. Il semble que ces événements ne se succèdent pas aussi rapidement d’habitude mais qu’on les a regrouper pour les français. Puis ce qui ressemble le plus à la vraie fête de chez nous, la veille du mariage, après la répétition générale (avec les témoins et tous les intervenants de la cérémonie). Cette dernière fête, commencée vers 18 h et finie à 22 heures, s’est faite autour d’un repas et de discours des parents et amis, racontant qui leur anecdote, qui leurs souhaits.
Mon mauvais anglais ne m’a pas empêché de distinguer une différence majeure entre les cultures des deux peuples réunis. Les frères et sœurs du marié avaient concocté un petit discours avec photos qui jouait plutôt sur le registre humoristique tout en donnant la parole à la partie de la famille qui n’avait pu venir. Au passage, ils charriaient un peu le marié, le message « on l’aime bien malgré tout » étant évident ( en tous les cas pour un français) mais jamais exprimé. Au contraire, les discours américains étaient dominés par l’expression de l’affection ressentie pour la marié ou pour le couple. D’un coté des français très pudiques dans l’expression de leurs sentiments, de l’autre des américains pouvant donner l’impression à l’observateur de passage d’en rajouter. Je ne sais pas qui a raison (faut il qu’il y en ait un ?) mais il est probable qu’on aurait tout à gagner à être plus positifs dans nos expressions avec les autres, que ce soit à l’école ou dans le cadre de l’exercice du management.
Un mot pour finir sur la cérémonie proprement dite. Elle a commencé, par un concert de harpe, les garçon,s d’honneurs étant chargés d’aller placer les femmes de l’assistance au fur et à mesure de leur arrivée. Elle a continué, sur l’air de l’hymne à la joie, par un vrai défilé : avec les servantes d’autels (3 jeunes femmes, impossible de voir cela dans une église catholique), les pasteurs, les membres de la chorale tous vêtus de l’aube. Puis le marié au bras de sa mère, les 6 demoiselles d’honneurs dans leur robes identiques et les 5 garçons d’honneurs (un désistement de dernière minute), une par une puis un par un tous les dix mètres et enfin la mariée au bras de son père. Les garçons d’honneurs, le marié, les pères des mariés avaient eux aussi un costume identique.
Les garçons et demoiselles d’honneurs (dont les deux témoins officiels) sont restés debout à coté des époux pendant toute la cérémonie.
Presque tout a été dit( ou était écrit) dans les deux langues, la chorale chantant notamment en français (après parait il de longues répétitions) le psaume de la création, sans aucun accent.
Un prochain article sur l’aspect religieux proprement dit.
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