40 000 jeunes de presque tous les pays du monde se retrouvaient ces derniers jours à Chelmsford, dans le comté d’Essex, au nord de Londres, pour ce rassemblement qui a lieu tous les quatre ans, mais qui prenait une dimension particulière à l’occasion du centenaire du mouvement. J’ai rencontré à son retour de la manifestation, la responsable de la délégation des Scouts et Guides de France (SGDF) : plus de 600 jeunes, pas loin de 200 adultes participants à l’Equipe Internationale de Service.
Le site utilisé appartient au comté qui l’utilise pour des festivals : les organisateurs ont d’ailleurs profité de la scène installé pour la manifestation précédente. La place a été transformée en un gigantesque terrain de camping, divisé en quatre « hubs » eux même divisés en sous camps. La règle étant le mélange, il fallait chercher les unités françaises (par groupe de 40 environ). Il se trouve que la plupart des campeurs avaient fait le choix de tentes igloo, les allemands faisant exception avec des yourtes, les suisses avec des canadiennes avec auvent. Les français ayant pour la plupart des canadiennes, leurs unités étaient finalement faciles à retrouver.
Les USA ont envoyé la délégation la plus nombreuse, avant le Royaume Uni, avec plus de 3000 participants, malgré le prix prohibitif de 4000 euros (le voyage et une participation sur place qui dépend du PNB par tête, pour accueillir les jeunes venus de pays plus pauvres). Les Italiens (2000), les Espagnols, les Belges ou les Allemands étaient également nombreux (la France a, en proportion de sa population, peu de scouts) mais aussi les brésiliens.
L’un des couacs du rassemblement concerne les délégations africaines : beaucoup se sont vus refuser leur visa par le gouvernement anglais, soucieux des risques d’immigration. Par contre, on trouve des israéliens et des palestiniens, des indiens et des pakistanais. La délégation française accueille des jeunes venus de la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Polynésie. L’Asie, où le scoutisme est bien implanté est également bien représentée.
Mon interlocutrice a un rôle de représentation auprès des « officiels » des autres pays et un rôle de soutien et d’animation auprès des unités SGDF. Comme souvent dans ce genre de rôle, elle voit les loupés et les problèmes à traiter, mais finalement ceux-ci sont peu nombreux. Et à 25 ans, c’est une responsabilité importante qui lui a été confiée, conformément à ce principe de Baden Powell consistant à faire confiance aux jeunes, à leur donner l’occasion de grandir par la prise de responsabilité.
Parmi les personnalités, rencontrées ou aperçus de loin, le directeur français de la Jeunesse et Sports, le roi de Suède, président de l’OMMS (organisation mondiale du mouvement scout) ou Robert Baden Powell, petit fils du fondateur (je ne savais pas que celui-ci avait eu des enfants ! apparemment il a eu un fils et deux filles).
La vie au camp est rythmée par quelques cérémonies officielles (ouverture, cérémonie du centenaire, rassemblement de la délégation, cérémonie de clôture) et par les activités proposées (sports et activités manuelles notamment, service… mais aussi tout ce qui fait la vie au camp, depuis l’installation au rangement en passant par la vie collective). Il reste du temps pour la découverte et la rencontre. Chaque délégation bénéficie de divers stands pour faire découvrir son pays. La France a ainsi un espace boulangerie où on peut apprendre à fabriquer du pain, d’autres sur la mode, la cuisine française ou le tour de France.
On trouve aussi un espace croyance et religion, où se présentent les différentes confessions chrétiennes, l’Islam, le judaïsme, le bouddhisme…. Il parait que les mormons étaient très actifs. Mon interlocutrice voulait assister à un temps de Shabbat mais en fut empêché par une réunion.
Un autre espace est consacré au développement durable et à l’écologie : les scouts ont évidemment depuis longtemps un lien fort avec la nature.
Notre responsable a aussi animé les chants lors de la messe qui réunit Scouts de France et DPSG (les scouts catholiques allemands). Cette célébration franco allemande est parait il une tradition depuis le Jamboree de 1947, dit Jamboree de la paix, qui s’est déroulé en France à Moisson (dans une boule de la Seine, en aval de Paris). A l’époque, le scoutisme allemand n’avait pas été accepté par l’organisation mondiale et les Scouts de France avaient intégré des membres des DPSG dans leurs unités, préfigurant une collaboration active depuis.
Souvenir inoubliable pour les jeunes qui y ont participé, ce rassemblement fut d’abord un temps de service pour les adultes qui en firent les animateurs. Mais on sait bien à quel point ces temps de service peuvent être enrichissants et joyeux. Mon interlocutrice aura sans doute beaucoup d’autres choses à raconter !
Le prochain Jamboree a lieu dans 4 ans en Suède et les suédois ont déjà annoncé le ton : simplicité et nature.
Ma série d’articles sur le scoutisme à l’occasion de son centenaire se termine ici.
La rencontre vue par les jeunes ici
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