Le clivage traditionnel entre gauche et droite semble remis en cause
dans notre pays si l’on en juge par le comportement des électeurs et l’incapacité
de beaucoup à donner une définition satisfaisante de la droite et de la
gauche. Le résultat du premier tour
aurait pu tout aussi bien nous remettre dans un combat classique que nous
donner, comme en 2002, une configuration nouvelle. Après d’autres, je voudrais
ici prendre un peu de recul pour réinterroger ce qu’on peut dire de la gauche
et de la droite. Je suis d’autant plus sensible à cette question qu’ayant
toujours voté à gauche, j’ai change de camp et soutenu le candidat de droite
pour cette élection.
Après une introduction générale, j’examinerais
dans les billets suivants l’histoire de la gauche, les succès de la social démocratie
puis ce qui la menace aujourd’hui, la perte actuelle de repères pour finir sur
les valeurs de la gauche.
Plutôt que partir de définitions théoriques, examinons un
peu ce qui s’est passé chez nous depuis 200 ans. On observe d’abord qu’il y a
toujours des clivages qui ont permis de faire la différence entre des forces de
droite et de gauche. On observe aussi que ces clivages ont évolué au point qu’en
première analyse, il apparaît une évolution permanente en faveur des idées défendues
un moment par la gauche, qui se retrouvent reprises quelques décennies plus
tard par une droite qui a abandonné les idées qu’elle défendait précédemment. C’est
ainsi que la droite monarchique a fait place à une droite républicaine, que la
droite défend aujourd’hui la laïcité qu’elle a combattu hier, qu’elle s’est
ralliée à la protection sociale, aux congés payés ou à l’existence de
syndicats, au droit à l’avortement ou à l’abolition de la peine de mort pour
prendre des exemples plus récents. C’est aussi ainsi que le parti radical,
jadis à l’extrême gauche comme son nom l’indique, se retrouve aujourd’hui
partagé entre la droite te la gauche.
Ce glissement progressif vers la gauche peut expliquer le
glissement apparent des personnes vers la droite avec l’âge: peut être tout
simplement sont-elles restées fidèles à leurs idées, devenues largement
majoritaires, et ne se sont-elles pas mis au diapason des nouvelles idées
apparues entre temps à gauche? C’est sans doute variable selon les individus,
une autre hypothèse étant qu’on est plus sensible à la nouveauté, au changement
lorsqu’on est jeune.
Les deux hypothèses précédentes renvoient à deux visions
de la droite et de la gauche. Dans la première, on est à gauche parce qu’on se
situe plus à gauche que la moyenne. Il s’agit donc d’une notion relative. Dans
la seconde, il s’agit au contraire d’une notion plus pérenne, même si sa déclinaison
varie dans le temps: les forces de gauche sont celles de la modernité et du
changement, elles sont progressistes, alors que les forces de droite sont pour
le maintien en l’état, elles sont conservatrices.
Revenons à l’Histoire et notons que ce qui avec le recul paraît une évolution continue n’a sans doute pas été vécu de façon aussi linéaire par les acteurs de chaque époque. Nous risquons d’avoir la même myopie en examinant les événements que nous vivons aujourd’hui.
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