Le score atteint par François Bayrou, passé de 6.94 à 18.55% des voix, fait de lui un des grands vainqueurs de ce premier tour. Sur quoi débouchera ce succès? Une transformation durable du paysage politique français ou une simple victoire à la Pyrrhus? Et que peut faire le candidat de l’UDF de sa victoire.
En théorie, trois attitudes sont possibles : négocier avec l’UMP, négocier avec le PS ou garder son indépendance en espérant la valoriser plus tard.
La première solution serait dans la logique du début de la législature précédente, où l’UDF appartenait à la majorité, avant de s’en éloigner tout doucement. Dans la logique des alliances locales, municipales, départementales ou régionales. Elle est devenue difficile du fait du positionnement adopté pendant la campagne et de la proportion importante, parmi les électeurs et maintenant les militants, de personnes venues de la gauche. Aujourd’hui, l’UMP essaie de débaucher, par l’intermédiaire de Gilles de Robien, les députés UDF sortants, élus sans adversaires UMP. La menace d’une candidature UMP contre eux pourrait jouer s’ils n’étaient sur un petit nuage, dans l’euphorie du score obtenu.
La deuxième solution serait une négociation avec la gauche. Une telle négociation porte par nature à la fois sur le projet, sur le gouvernement et sur les alliances électorales. Ce n’est pas forcément la composition du gouvernement qui posera le plus de problèmes (après tout, il y a toujours des déçus, un peu plus un peu moins…). La négociation sur le projet n’est à priori pas simple, mais on sait comment cela se passe: par des mesures symboliques qui montreront que le rallié a été pris en considération. On peut imaginer un F Bayrou posant 4 ou 5 conditions indispensables pour se rallier à un des candidats restants en lice et la suite se faisant par un accord officiel.
Là où cela devient difficile, c’est la négociation pour les élections, en commençant par les législatives. Il faudrait que le PS s’engage à retirer ses candidats contre les sortants UDF (c’est bien sûr le minimum!) mais aussi dans un certain nombre de circonscriptions considérées comme gagnables par l’UDF (contre un sortant UMP évidemment). Il est sûr que les alliés du PS au sein de l’ex gauche plurielle ne seront pas contents et pourront faire des rétorsions; mais que peuvent les Verts et le PC avec le score obtenu par leurs candidates ?
Il faudrait aussi que l’apport d’électeurs supplémentaires venus du centre grâce à l’alliance n’en fasse pas fuir autant à gauche.
La troisième solution, qui semble tenir la corde aujourd’hui, consiste à essayer de concrétiser le score du 22 avril aux prochaines législatives, avec des candidats UDF partout. Avec deux objectifs envisageables (et non contradictoires) : obtenir suffisamment de sièges pour qu’il n’y ait pas de majorité sans l’UDF à l’Assemblée et / ou bénéficier d’une explosion du PS lors de son prochain congrès.
La difficulté pour l’UDF sera de ne pas perdre une partie des voix obtenues et de les transformer. Le premier point n’est pas gagné par principe et faute de candidats implantés (les sortants exclus évidemment).
Les simulations de vote avec Bayrou présent au second tour ont montré l’avantage pour le candidat du centre qui peut bénéficier du report de l’un des camps contre l’autre. Ce mécanisme favorable suppose bien sûr que le candidat centriste soit dans les 2 premiers pour bénéficier du report des voix du troisième. S’il est lui même troisième, même s’il se maintient, il est laminé et perd ses voix des deux cotés.
Or, avec les scores du 22 avril, F Bayrou est très souvent 3ème. Le Monde publie les résultats des principales villes. Bayrou ne figure dans les deux premiers dans aucune des 16 villes de la région Bourgogne, des 14 villes de la région Champagne Ardennes ou des 23 villes de la région Languedoc Roussillon. En Bretagne,il ne l’est que dans 3 des 34 villes. Pourtant il obtient nettement plus que son score national moyen dans cette dernière région, avec 22.55% Et 5 villes sont détenues par l’UDF. Et le fait d’être dans les deux premiers ne garantit pas l’élection. A Lannion ou à Ploufragan, la deuxième place de l’UDF ne permet sans doute pas de battre la gauche.
Dans les autres régions, on ne trouve Bayrou second que 1 fois sur 14 en Auvergne, 2 fois sur 31 dans la région Centre, 1 fois sur 31 en Lorraine. Seule l’Alsace (13 sur 23) fait exception avec le département de Bayrou, les Pyrénées Atlantiques.
Ce n’est pas un hasard s’il n’y a pratiquement aucune grande démocratie avec un grand parti centriste, mais de petites forces d’appoints comme en Allemagne !
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