La gauche de la gauche ne compte pas moins de 5 candidats au scrutin présidentiel. A peu près sûrs de ne pas recueillir les 5% indispensables pour être remboursés de leurs frais de campagne, ils ont pourtant choisi d’investir cette occasion unique de parler à tous les français. Mais leur division même ne délégitime t’elle pas leur discours ?
Revue de détail
PS: Hughes m'a pris de vitesse mais mon billet était prêt, je le publie!
Commençons par celle qui n’a pas eu de problèmes pour réunir 500 signatures parce que son parti compte encore beaucoup d’élus : la candidate de la place du Colonel Fabien. Il est loin le temps où le PCF comptait 800 000 adhérents et recueillait 28,6% des suffrages aux élections (1946), ou même celui où Jacques Duclos atteignait 21.5% des voix à la première présence du PC à une élection présidentielle.
La chute semble ensuite inexorable : en 1981, Georges Marchais réunit 15,34% des voix, en 1988 André Lajoinie n’en a plus que 6.75%, ce qui permet à) Robert Hue de sembler remonter avec 8.65%. Las, Marie Georges Buffet se retrouve en 2002 à 3.37%, derrière Besancenot et Laguiller !
Le PC compte encore beaucoup d’élus à tous les niveaux, ses cadres sont encore bien en place au sein de la CGT. Mais les militants qui tractent avec courage tous les samedis près de chez moi ont au moins 70 ans. C’est long à mourir, un grand parti. Les radicaux ont encore des élus ! Mais l’avenir du PC, qui n’a pas su se reconvertir à temps comme son homologue italien, est derrière lui.
D’autres aimeraient bien prendre le relais. C’est entre autres pour cela qu’il y a tant de candidats cette année.
Arlette Laguiller représentera une dernière fois Lutte Ouvrière. Elle a su donner une image sympathique à un parti authentiquement sectaire et haineux. Ce parti développe une vision marxiste, souhaite instaurer la dictature du prolétariat et la prépare par un parti révolutionnaire qui considère la classe ouvrière comme spontanément réformiste (injure suprême). Evidemment eux seuls ont raison. Le reste de l’extrême gauche et en particulier la gauche alter mondialiste est considérée comme réformiste de fait. Les slogans de lutte pour interdire les licenciements n’ont comme seuls objectifs de contribuer à la création du parti. Lutte ouvrière s’installe chaque fois qu’elle le peut dans les entreprises (souvent au sein de FO mais pas seulement) et ses tracts se caractérisent généralement par des propos haineux visant, sous des sur nom, ceux qu’elles considère comme des petits chefs. On notera que Lutte Ouvrière considère que seul un parti multinational peut réussir, mais cela ne semble pas la gêner qu’il n’y ait rien hors de France. La prétention de certains français à être la lumière du monde poussée jusqu’à l’absurde.
Au-delà de ses moines soldats, Lutte ouvrière a bénéficié du financement des partis. Le score de sa candidate en 1995 et en 2002 (5.30 et 5.72%) lui ont permis d’être remboursé de tous ses frais de campagne. La proportionnelle lui avait permis de décrocher des élus dans les régions et en europe. C’est aujourd’hui fini., la liste commune faite avec la LCR aux régionales ne lui ayant pas permis de sauver les meubles. Si comme tout l’indique elle n’atteint pas les 5% cette fois ci et si son score aux législatives est aussi faible qu’en 2002, Lutte Ouvrière va souffrir financièrement, ce qui pourrait l’affaiblir durablement.
La Ligue Communiste Révolutionnaire, a un positionnement très différent de son concurrent trotskiste : elle cherche systématiquement à être présente dans les « luttes sociales ». Pour cela, ses militants n’hésitent pas à créer ou participer à la création d’une multitude d’associations comme AC ! le chômage ou AC ! le feu. Ils sont souvent présents dans les syndicats SUD. Dans toutes ces « luttes sociales », ils pratiquent l’art de la surenchère (quitte à piétiner et ruiner allégrement le travail fait par les associations qui agissent au quotidien sur le sujet) et démontrent leur capacité à mobiliser les médias. Ils semblent (ou font semblant de ?) ignorer que les mesures qu’ils préconisent peuvent avoir des conséquences peu favorables, que régulariser tous les sans papiers est le meilleur moyen d’en attirer d’autres et de faire pression à la baisse sur les salaires, qu’interdire les licenciements est un bon moyen d’amener une entreprise à la faillite, que réquisitionner les logements est un bon moyen de réduire la construction, ou que l’harmonisation fiscale et sociale en Europe enfoncerait pour longtemps les pays de l’Est dans la misère. Il est vrai que ces conséquences ne sont vraies que dans une économie de marché et que leurs propositions mèneraient tout droit à une économie soviétique dont on a pu voir l’inefficacité.
La LCR a participé à la réflexion des collectifs du « no n » qui recherchaient un candidat commun. Mais il était évident qu’après le score d’Olivier Besancenot aux présidentielles de 2002, la LCR ne pouvait laisser échapper une occasion de dépasser la candidate de Lutte Ouvrière. Il n’est pas sûr que cela lui amène un score aussi élevé que celui dont elle pouvait rêver en 2002.
Et le troisième trotskiste, le représentant du Parti des Travailleurs, Gérard Schivardi ? Il caricature à lui tout seul son parti : il a été élu comme maire PS. Le parti des travailleurs pratique avec grande vigueur l’entrisme, officiellement ou en cachette, comme ses ancêtres l’OCI (à laquelle a appartenu L Jospin) et l’AJS (Cambadélis). Blondel a été soupçonné d’être un sous marin de ce courant. Gérard Schivardi est maire, la défense des maires étant un des axes forts (avec la défense de la laïcité et du service public) de ce parti dont les logiques sont peu accessibles au commun des mortels. Pour ce parti à la réputation sulfureuse de magouilleur, défendre les maires n’était il pas la meilleure manière de recueillir 500 signatures ? Quand la fin justifie les moyens…
José Bové pour finir. L’homme qui sait mieux que tous les autres se qui est bon pour nous et qui trouve donc normal d’outrepasser les lois pour nous défendre contre les OGM ou la malbouffe américaine. L’homme qui était prêt à faire don de sa bonne volonté pour représenter une candidature unitaire à la gauche de la gauche mais qui n’a pu s’empêcher d’y aller malgré la présence de Buffet et de Besancenot. Il est vrai que quand ATTAC est en pleine crise, il nous faut bien un Astérix pour représenter la volonté permanente d’unité des français !
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