Comme le signale Versac, la rectification par l’INSEE des chiffres du chômage fait de l’année 2006 une année blanche dans ce domaine. A l’heure où toute l’Europe connaît une vive croissance, ces chiffres sont les révélateurs d’un double échec : celui du premier ministre De Villepin d’abord, celui de notre pays ensuite
Un petit coup d’œil sur les chiffres (détaillés en fin de note) montre que la reprise de l’emploi salarié, réelle mais limitée, le plein effet des mesures sociales d’emploi aidés, justifient une légère baisse du chômage, mais pas au rythme qui apparaissait dans les statistiques du gouvernement.
Le premier ministre qui voulait être jugé sur les chiffres du chômage et se faisait fort de réussir dans ce domaine, ne mérite donc pas une bonne note. D’autant plus que la comparaison avec les résultats de nos voisins est édifiante : sur un an, c’est bien une baisse de près de 1% du taux de chômage à laquelle on assiste dans l’UE à 15 ou la zone euro, l’Allemagne faisant encore mieux (-1.3%) grâce à la vigueur de sa reprise, tirée par les exportations industrielles. On notera qu’au Royaume Uni au contraire, le chômage est en hausse.
Si l’on tient compte des rectifications de l’INSEE, la France se retrouve très mal placée en Europe, seule la Pologne et la Slovaquie ayant un taux de chômage plus élevé que notre pays. Dans ce domaine là aussi nous sommes en train de devenir les derniers de la classe.
C’est en cela que l’échec est plus globalement celui de notre pays. Une fois de plus, le gouvernement a cru pouvoir réussir avec des emplâtres, sans s’attaquer aux difficultés réelles du pays. Nous avons besoin d’une politique d’amélioration de la croissance par l’offre (la stratégie de Lisbonne et les clusters pour l’innovation), d’une législation du travail qui ne reporte pas toute la flexibilité sur une partie de la population et d’une politique salariale qui n’exclue pas les moins qualifiés. Mais pour cela, il faut plus de courage que de démagogie….
Analyse des chiffres :
Le nombre de chômeurs au sens du BIT, qui avait culminé à plus de 3 millions en 1994 et en 1997, est ensuite redescendu pour connaître son point le plus bas à 2.3 millions en mai 2001, grâce à de nombreuses créations d’emplois. Dans l’intervalle, le nombre d’emplois salarié du privé est passé de 13.6 millions début 1997 à près de 15.4 millions en mai 2001.
Le chômage est reparti à la hausse après l’éclatement de la bulle Internet et les attentats du 11 septembre. L’emploi salarié privé s’est stabilisé entre 15.4 et 15.5 millions de 2001 à fin 2005. La population active augmentant, la droite revenu au pouvoir délaissant le traitement social du chômage, le nombre de chômeurs a de nouveau augmenté pour se stabiliser autour de 2.7 millions de chômeurs en 2005.
Depuis, fort de la relance des emplois aidés (le plan Borloo) et de la reprise économique, le gouvernement affichait une baisse régulière, faisant descendre le nombre de chômeurs à 2 350 000 fin janvier 2007. Le taux de chômage à 9.5% en janvier 2006 revenait à 8.4% en janvier 2007. L’INSEE parle maintenant de 9.2%, avec une marge d’incertitude soulignée par les blogueurs cités par Versac . On notera ici que la rectification de l’INSEE correspond à environ 200 000 chômeurs et que la baisse sur l’année ne représenterait plus qu’environ 80 000 chômeurs.
L’évolution de l’emploi salarié privé, un gain de 140 000 emplois entre décembre 2005 et décembre 2006 (selon les chiffres provisoires publiés par la DARES) semblent plus cohérent avec la nouvelle évaluation qu’avec la précédente.
Le nombre d’emplois aidés à augmenté, le contrat d’insertion à la vie sociale (+104 000) remplaçant progressivement le contrat initiative emploi (- 50 000) quand les contrats d’apprentissage (407 000) continuent à croître (+ 24 000). A contribué également à l’amélioration des résultats.
On notera que le nombre de dispensés de recherche d’emplois indemnisés (des personnes de plus de 57 ans, sans emploi mais dispensés de recherche donc n’entrant pas dans les statistiques, a continué à grimper (+ 8 000) alors qu’il était déjà à un haut niveau ( plus de 400 000).
Cette hausse traduit bien sûr le fait que le traitement du chômage se fait toujours par le départ des seniors (l’arrangement entreprise /salarié sur se point se généralise). Elle montre aussi qu’on n’en est pas à une franche décrue sur l’emploi.
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