Pour la première fois depuis que je suis inscrit sur les listes électorales, je ne sais toujours pas à quelques mois du scrutin présidentiel pour qui je vais voter ! Ce qui est déjà sûr c’est que pour une fois je ne vais pas choisir au premier tour, mais éliminer dès cette étape, aucun candidat ne me donnant vraiment envie de voter pour lui.
Comme beaucoup de Français, je ne souhaite pas la
présence du leader frontiste au deuxième tour. Cette évidence ne m’encourage
pas à m’intéresser aux « petits » candidats. Mais en réalité, aucun n’attire
mon adhésion.
Bayrou aurait pu attirer mes suffrages. Comme je pense
que le vote de précaution anti Le Pen sera fort à gauche mais aussi à droite,
je pourrai éventuellement prendre le risque. Malheureusement, le candidat
centriste n’a pas été à la hauteur de l’enjeu : plaider pour une place
pour les petits partis ne me suffit pas, et la nécessité de la proportionnelle
ne m’apparaît pas une priorité. Sur le reste, il y a peut être des choses
intéressantes dans le programme de l’UDF, mais je n’entends pas F Bayrou les
défendre ou les mettre en avant en priorité.
Il ne reste donc que deux choix, au premier et, espérons
le, également au second tour. Comme beaucoup de Français, j’aurais d’ailleurs
plutôt une image meilleure de ces candidats que de leurs partis.
Mais je ne peux répondre à la question « pour qui
voter » sans avoir au préalable défini mon cahier des charges, et encore
en amont, fait une analyse de la situation de notre pays et de ses priorités.
Pendant longtemps, j’ai pensé qu’en pratique le système
était dominé par deux aspects
D’une part la droite et la gauche ne faisaient pas des
politiques si différentes qu’ils voulaient le faire croire. La gauche n’était
pas si anti-économique que la droite voudrait le faire penser (c’est la gauche
qui dans les années 80 a réconcilié –pour un temps- les français avec
l’entreprise, et Mme Royal annonce son ambition de continuer dans cette voie)
et la droite n’était pas aussi anti-sociale que la gauche le prétendait. Dans
chaque camp les plus durs sont minoritaires.
D’autre part, l’alternance permettait une
régulation : les lois les plus idéologiques votées par un camp étaient
supprimées par l’autre camp revenu au pouvoir, alors qu’à contrario les
avancées indispensables étaient conservées, voire prolongées par ceux qui les
vouaient aux gémonies au moment de leur vote. Le cas de la CSG est à cet égard exemplaire.
Dans ces conditions mon choix était dicté par deux considérations :
d’une part je préférais voter pour ceux qui seraient le plus attentifs aux plus
faibles dans leur conduite des affaires de l’Etat, d’autre part je me
retrouvais dans le même camp que des personnes dont je me sentais le plus
proche, notamment des rocardiens et des cédétistes. C’est ainsi qu’en 2002 je
n’ai pas eu à regretter mon vote du premier tour au vu des résultats, comme
tant d’autres autour de moi.
Aujourd’hui, mon analyse a évolué. Je pense que la
situation de notre pays n’est pas bonne, qu’elle est en route pour s’aggraver
inexorablement et que ce sont les plus faibles qui en souffrent le plus et vont
en souffrir demain. Quand certains louent notre modèle social, je constate à
deux pas de chez moi la présence de nombreux clochards et autres SDF, ce que je
n’ai pratiquement pas vu dans une ville comme Berlin par exemple.
La responsabilité de cette situation est partagée. D’une
part la droite a eu comme leader depuis 20 ans celui dont je pense que
l’histoire dira qu’il a été (et de loin) le plus mauvais Président de
l’histoire de la 5ème République. D’autre part la gauche qui devrait
représenter les forces du progrès s’est laissée enfermer elle aussi dans
l’immobilisme. Et l’ignorance des réalités économiques de la plupart de ses
leaders (quand vous avez enlevé DSK, que reste t‘il ?) est calamiteuse.
Avec tous ces défauts (et ils sont nombreux) N Sarkozy
représente un progrès évident pour la droite. Ce n’était pas difficile certes.
Je note comme point favorable la manière dont il a su renouveler l’UMP en tant
que parti en y attirant des adhérents et plus seulement des politiques
professionnels.
Du coté du PS, je trouve les débats depuis 2002
catastrophiques. Les idées présentées au congrès du Mans ou contenues dans le
Projet Socialiste sont pour une bonne part des aberrations. L’idée de supprimer
la loi Fillon est pour moi symbolique d’une incapacité à faire face aux
réalités. Que la majorité du parti, dans sa motion du Mans puisse qualifier cette
loi de socialement injuste en dit long sur la régression qu s’est emparée de ce
parti..
Le changement des règles d’adhésion a contribué à un
renouvellement bienvenu des militants. S Royal semble également créer du
mouvement. Cependant la manière dont elle conçoit le participatif me laisse
très dubitatif sur sa capacité à réorienter notre pays vers un fonctionnement
plus dynamique et plus efficace.
Si je reviens aux considérations qui guident mon choix,
elles ne m’indiquent plus de manière aussi sure qu’hier la solution
D’une part, je considère que la protection des plus
faibles passe avant tout par un passage de notre système économique aux dynamiques
qui marchent au 21ème siècle, selon les propositions de la
commission Européenne (stratégie de Lisbonne) et de Christian Blanc (les pôles
de compétitivité). C’est à cette condition que l’on pourra diminuer le chômage,
augmenter le niveau de vie et financer nos systèmes de retraite et de santé (ce
qui ne dispensera pas de les réformer !).
D’autre part, mes amis rocardiens et cédétistes sont
manifestement partagés, à l’image notamment de Christian Blanc.
Ma réflexion n’est pas terminée. Je voulais notamment
écouter les prestations des candidats à l’émission Ripostes, mais j’ai cru
comprendre déjà qu’elles ne sont pas favorables à la candidate socialiste.
Mon vote ne sera pas un vote d’adhésion, mais un vote de
raison dans le sens de l’intérêt général.
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