La faiblesse du taux de marge des entreprises françaises pourrait être assez nettement corrigée au premier semestre 2015 : c’est du moins ce que prévoit l’INSEE dans sa dernière note de conjoncture. Si ce redressement était durablement confirmé, ce serait une bonne nouvelle pour l’emploi, si on en croit l’analyse du passé.
L’INSEE note qu’après trois années de baisse, le taux de marges des entreprises non financières s’est stabilisé en 2014 à 29.7%, soit trois points en dessous de son niveau moyen d’avant crise. L’INSEE prévoit que ce taux pourrait atteindre 31.3% au premier semestre.
Pour illustrer le propos, l’INSEE affiche page 91 un graphique qui donne un historique de ce taux depuis 1970. Au-delà des variations de court terme apparaissent très nettement plusieurs périodes
Au départ le taux se situe autour de 31.5% .
On le voit s’effondrer en 1974, à la suite du premier choc pétrolier et descendre à 26%. Il y a une courte remontée à 27.5% en 1976 puis le taux ne cesse de baisser avec un point bas à 24.5 en 1980 (2ème choc pétrolier) puis 1982 (mesures prises par la gauche à son arrivée).
Le plan de redressement Mauroy Delors aboutit en 1986 à un taux remonté au-dessus de 32% . Le taux moyen av rester au-dessus de 32.5% jusqu’en 2008.
La crise financière puis celle de l’Euro dégradent les marges qui vont descendre progressivement au niveau constaté aujourd’hui.
Il ya un lien direct entre le niveau de l’emploi et celui des marges comme le montre le tableau suivant (les valeurs sont au 31 décembre de l’année et les volumes sont en milliers. Chômeurs de catégorie An début de la série en 75 pour les chômeurs
Période |
Emploi début |
Emploi fin |
Variation |
Chômeurs début |
Chômeurs fin |
73/ 84 |
22183 |
22348 |
+ 165 |
674 |
2 124 |
84/ 07 |
22348 |
26338 |
+ 3 990 |
2 124 |
1 983 |
07 / 14 |
26338 |
26367 |
+ 29 |
1 983 |
3 496 |
Sur les deux périodes où le taux de marge est faible, l’emploi stagne (mais ne baisse pas) et le chômage augmente fortement : d’environ 1.5 millions sur chacune des deux périodes
Sur la période intermédiaire, où le taux de marge est plus élevé, l’emploi augmente fortement, d’environ 4 millions, ce qui représente près de 200 000 emploi créés en moyenne chaque année, mais le nombre de chômeurs ne baisse que marginalement (il baisse un peu plus nettement en pourcentage puisque la population active a augmenté)
On comprend pourquoi le gouvernement, à la suite du rapport Gallois s’efforce de redresser les marges des entreprises, comme l’ont fait Delors et Mauroy en 1983.
Le fait que le chômage n’ait pas baissé dans la période intermédiaire peut être le signe que le taux de marge était encore insuffisant (il est actuellement beaucoup plus élevé en Allemagne qui connait le quasi plein emploi) ou qu’il est difficile de réintégrer les chômeurs de longue durée ou ceux qui sont trop peu qualifiés ou un peu des trois.
Je laisse les commentateurs réfléchir à qui était au pouvoir au début de chaque période
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