Le pouvoir d’achat des salariés aura augmenté assez nettement en 2014, malgré une légère baisse des augmentations nominales, plus que compensée par la baisse de l’inflation. Cette situation est généralement considérée comme une bonne nouvelle pour l’économie car elle soutient la demande. Pourtant elle suscité, à juste titre, l’inquiétude de mon journal préféré qui la rapportait la veille du premier tour des départementales.
La journaliste du Monde remarque en effet que l’augmentation des salaires est plus forte que les gains de productivité des entreprises, ce qui signifie que celles-ci devraient voir leur part dans la valeur ajoutée dégradée, alors même qu’elle se situe à un niveau nettement plus bas que sa moyenne des trente dernières années. Elle observe qu’en période de fort chômage cette situation est surprenante. On pourrait ajouter qu’elle se fait probablement au détriment de l’emploi.
Mon journal préféré n’a pas tort, mais je suis assez étonné de ce discours de fait assez nouveau chez lui. Il traduit le prise de conscience chez certains responsables de la situation réelle du pays.
D’après l’article, cette augmentation des salaires moyens serait le résultat de l’augmentation du SMIC pour les salaires du bas de l’échelle et d’une augmentation des salaires les plus élevés, conséquence des tensions qu’on observe encore dans les métiers concernés. L’article ne le dit pas, mais on peut en déduire que la situation a été moins favorable pour les revenus moyens.
Comme je suis un optimiste, j’observe malgré tout dans les résultats des éléments positifs (mais qui auraient pu l’être plus) dans la comparaison entre les évolutions en France et en Allemagne. L’inflation a été légèrement plus forte de l’autre côté du Rhin (0.9% contre 0.5% d’une année à l’autre), et les augmentations de rémunération également (3.1% en Allemagne contre 1.4% chez nous). Cela se traduit par une amélioration de la situation concurrentielle de nos entreprises.
Cette amélioration bienvenue est cependant assez faible au regard de l’écart qui s’est creusé en 15 ans entre les deux pays, qui était d’une quinzaine de points. Même si on admet que la situation d’origine en 2000 était défavorable à l’Allemagne, il faudra encore des années au rythme de 2014 pour retrouver une situation équilibrée entre les deux pays.
Les hausses de salaire déjà programmées en Allemagne pour 2015 présagent d’une nouvelle réduction de l’écart entre les deux pays cette année, mais on peut craindre que la France ne soit pas vraiment encore en situation de profiter du boom économique en cours chez notre voisin du fait de l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages, de la baisse de l’euro et du baril.
Le Monde du 31 mars donne la parole à Louis Gallois, auteur d’un rapport remarqué sur la compétitivité ; Lui aussi s’étonne que les salaires puissent augmenter plus vite que la productivité. Il donne 10 ans à la France pour redresser sa situation et note que ce n’est pas qu’une question de coût : il faudra aussi investir, dans la qualité et l’innovation, pour monter en gamme. Il est vrai qu’aujourd’hui, il y a de la place(rentable) pour le luxe et le low-cost et pas beaucoup entre les deux.
Les commentaires récents