Comme le note l’INSEE dans sa dernière livraison conjoncturelle, la baisse de l’euro et celle plus importante du prix du pétrole vont doper la croissance des deux prochains trimestres. La question est de savoir si cela peut amorcer plus durablement la reprise attendue avec impatience par le gouvernement.
L’euro a baissé d’environ 10 % depuis la moyenne de l’année dernière, ce qui facilite l’action commerciale des entreprises exportatrices et complique la tâche des entreprises étrangères qui veulent vendre chez nous. Ces aspects ont un impact positif sur la croissance économique du pays.
L’inconvénient, c’est que cela renchérit le coût des importations, si nous ne sommes pas capables de remplacer les produits importés par des produits fabriqués chez nous, ce qui est beaucoup plus fréquent qu’on ne l’imagine, du fait de la multiplication permanent des produits et de la spécialisation indispensable des producteurs. L’Allemagne, qui est très spécialisée n’a pas vraiment intérêt à un euro faible, qui augmente les coûts de ce qu’elle achète mais ne produit pas mais ne lui permet pas d’augmenter ses ventes dans des secteurs où elle est leader et vend pour des raisons relativement indépendantes des prix (comme la France le gfait dans le champagne ou les produits Hermès).
La France est plutôt moins spécialisée que l’Allemagne et souffre de n’être que trop rarement dans le haut de gamme (à part dans le luxe). Un euro plus faible lui est donc favorable, mais sur le long terme, il ne participe pas à la faire monter en gamme. Les médias ont coutume de citer une prévision d’un gain de 0.4 % de croissance pour une baisse de 10 % de l’euro face au dollar. Il est probable que cet impact varie en fait selon la situation de nos entreprises et celle de nos voisins.
En 2014, les importations ont cru plus vite que les exportations, conséquence probable d’un euro cher pour nos entreprises (mais pas pour les entreprises allemandes…) et de la perte de compétitivité durable de celles-ci.
En 2015, la baisse du prix du baril, même corrigée de la baisse de l’euro, devrait réduire assez nettement le cout de nos importations énergétiques. Celles-ci ont représenté en 2013 65.8 milliards d’euros dont 51.5 pour le pétrole. La baisse pourrait être d’environ un tiers pour le pétrole et dans un moindre mesure pour le gaz (les prix du gaz sont généralement indexés sur le cours du pétrole), ce qui pourrait se traduire pour le pays par un gain, toutes choses égales par ailleurs, d’une vingtaine de milliards, soit 1% du PIB. A titre de comparaison, en 2013, le déficit commercial était de 61,7 milliards.
Ce gain sur la facture énergétique va profiter essentiellement aux ménages, et ceux qui en profiteront le plus seront ceux qui se chauffent au fuel (et dans une moindre mesure, ceux qui se chauffent au gaz, en fonction du mécanisme d’indexation. Même si l’importance des taxes atténue l’impact sur le prix des carburants, tous ceux qui ont fait construire loin des centres-villes pour avoir un terrain moins cher vont souffler un peu : enfin un élément favorisant le Front national qui diminue !
L’INSEE prévoie d’ailleurs une nette augmentation du pouvoir d’achat des ménages, en raison d’une évolution favorable des prix. Il est vrai que l’on frôle la déflation, si on n’y est pas déjà ! Depuis la publication de l’INSEE en décembre, l’euro et le prix du baril ont encore baissé, ce qui ne peut qu’accentuer l’effet attendu, mais ce ne sont pas les valeurs un mois donné qui comptent, mais bien celles que l’on aura sur l’année.
La reprise sera-t-elle durable ? On peut toujours l’espérer, d’autant plus que les taux sont au plus bas (la France emprunte à moins de 1 % !). En 1997, c’est la conjonction de la hausse du dollar, de la baisse du prix du baril et surtout d’une forte chute des taux d’intérêts qui avait permis le retour d’une croissance qui s’était révélée solide pendant quatre ans. Mais trois éléments négatifs sont toujours là :
- L’Allemagne continue à avoir une politique mercantiliste, qui tire d’autant plus la croissance de la zone vers le bas qu’elle oblige ses partenaires à réduire leurs déficits
- Les marges des entreprises sont toujours nettement plus faibles que leur moyenne historique, malgré les efforts de l’Etat pour les redresser
- Les comptes publics sont toujours très négatifs et aucune réforme en profondeur n’a été lancée pour les redresser
Alors que dans un récent article du Monde, il était affirmé que certains économistes sont très optimistes pour 2015, la Bourse de Paris a évolué depuis 6 mois en donnant un signal inverse : elle est en baisse depuis un point haut début juin 2014 pour le CAC 40.
La Bourse est sensée anticiper les évolutions économiques et elle est donc actuellement négative. Si on observe son évolution ces dernières années, on constate un point bas en dessous de 3000, au plus bas depuis 2009, au moment de l’élection de François Hollande, L’indice a progressivement remonté, pour atteindre plus de 4500 points en juin 2014, en progression donc de plus de 50 % pendant le mandat de F Hollande ! Le 9 janvier 2015, il était en dessous de 4200.
D’autres indicateurs sont plus positifs : la confiance des ménages a gagné 4 points depuis 2 mois mais l’indice de climat des affaires est stable .
A suivre donc !
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