La droite attise les reproches faits à la réforme des rythmes scolaires et à la mise en place que certaines villes, dont Paris, ont fait dès cette année ; les élus voient d’un très mauvais œil un dispositif qui risque de mettre à mal les finances municipales. Et tout cela pour un dispositif condamné à l’échec.
Il y a quelques jours, j’ai assisté à une étonnante discussion entre une de mes proches, intervenantes en milieu scolaire, et une de ses amies. La première, qui accompagne les enfants de primaire dans des activités d’après classe qui viennent d’être mises en place, expliquait les difficultés rencontrées sur le terrain : les professeurs ne se sentent pas concernés par ces activités et ne font aucun effort pour que le passage de relais se passe bien, les enfants n’ont pas eu la possibilité d’accéder aux activités qu’ils avaient demandés (en particulier les garçons, très souvent demandeurs d’activité sportives) et enfin, les moyens ne suivent pas.
La réaction de la seconde a consisté à raconter une expérience identique…il y a quinze ans ! A l’époque, le même dispositif qu’aujourd’hui avait été lancé dans deux villes de son département (et probablement de même dans d’autres départements), dont celle où elle habitait, ce qui l’avait amené à donner des cours de danse à des enfants du primaire. Elle le faisait dans des salles qui n’étaient pas faites pour cela. Ceux des enfants qui n’avaient pas pu avoir une des activités qu’ils avaient demandés perturbaient les activités dans lesquelles ils avaient fini par atterrir et les enseignants ne coopéraient pas. Après 3 ans, l’expérience avait tourné court, d’autant plu qu’elle coûtait cher à la municipalité.
Le gouvernement s’est donc lancé à grande échelle dans un dispositif qui avait été testé il y a 15 ans (donc par son propre camp) et qui s’était révélé inadapté ! Partisan de la méthode expérimentale, je vais finir par me demander si j’ai raison ! Ou finir par me convaincre que les politiques, gauche et droite confondue, ne se posent jamais la question de la faisabilité de ce qu’ils décident.
On peut vouloir copier les méthodes allemandes d’organisation du temps. Sauf que les établissements allemands ont été conçus dans cette perspective (les établissements français, manifestement, non !) et que l’ensemble du personnel fonctionne avec cette logique-là : changer de système est donc beaucoup plus compliqué qu’on ne le croit. On ne peut pas simplement "aménager" les rytmes éducatifs : il serait nécessaire de transformer complètement le système, infrastructures comprises.
Il en serait probablement de même avec une mesure a priori souhaitable, consistant comme les anglais à demander aux enseignants de collèges et lycées de rester dans l’établissement, pour pouvoir rencontrer les élèves en dehors des heures de cours : il n’y a pas les bureaux pour cela !
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