Au mois de mai, la balance commerciale de l’Espagne a été pratiquement équilibrée, une performance pour un pays qui compensait traditionnellement son déficit commercial par une balance touristique très favorable. Ce résultat a été obtenu grâce à la croissance des exportations d’un pays qui a gagné en compétitivité.
Dans une Europe du Sud dont les médias semblent nous montrer qu’elle n’arrive pas à sortir de l’ornière, à l’instar de la Grèce et du Portugal, les deux pays qui partent du plus loin, l’Espagne apparait progressivement comme le bon élève, celui qui reste dans une situation difficile mais montre des signes encourageants, voire très encourageants. Le rétablissement de la balance commerciale en est un exemple.
Il se situe dans une zone euro qui a dégagé un surplus vis-à-vis de l’extérieur du fait de la limitation des importations par la crise économique. En mai 2013, la zone euro a importé 143.8 milliards d’euros, en baisse de 6% sur un an, et exporté pour 159 milliard d’euros, un montant stable sur un an.
L’Espagne ne doit pas ses résultats à la seule austérité : pour ce qui est des exportations, elles ont augmenté de 15.2% en 2011, de 3.8% en 2012. Entre les mois de mai 2012 et 2013, la hausse est de 5.6%.
Pourquoi cette spécificité espagnole ? Bien que ne connaissant pas particulièrement le cas de notre voisin , je voudrais risquer une hypothèse à partir des données de l’emploi.
La lecture des statistiques européennes du chômage fait apparaitre une spécificité espagnole : c’est le pays qui a vu la plus forte croissance du chômage : entre 2007 et 2012, il est passé de 8.3% à 25%, alors qu’il n’augmentait « que » de 7.6% à 11.4% dans l’ensemble de la zone euro. Dans la même période le PIB a reculé sur la zone de % et en Espagne de 4 %. Le plus fort recul du PIB espagnol n’explique pas à lui seul ce qui s’est passé sur l’emploi : les entreprises espagnoles semblent avoir de fait choisi de réduire drastiquement les effectifs pour augmenter leur compétitivité (d’au moins 10%, si on lit bien les chiffres). Un choix très dur socialement mais qui pourrait se révéler payant économiquement, et au final meilleur socialement que celui consistant à vouloir préserver les emplois coûte que coûte.
Face à une situation de crise, vouloir absolument conserver le passé peut être une solution si la crise ne dure que quelques mois (c'est l'intérêt du chômage partiel), mais est contreproductif si la crise dure. Il vaut mieux alors prendre les mesures de redressement, même difficiles, plutôt que de se contenter de demi mesures et de cosmétiques. On sait que c'est pour cette raison que la Bourse salue les plans sociaux, non parce qu'elle les aime (ce sont les entreprises en croissance qui font les beaux parcours boursiers) mais parce que ne rien faire n'est pas une solution. C'est vrai pour une entreprise comme pour un pays. Le Japon a largement montré pendant 20 ans comment le fait de ne pas traiter les problèmes (dans son cas les créances irrecouvrables des banques) ne donnait que de mauvais résultats.
C’était ma minute « et si le libéralisme était socialement une meilleure solution à terme ? »
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