La promulgation de la loi sur le mariage pour tous devrait clore un épisode très conflictuel de la vie démocratique de notre pays : les partisans comme les opposants au projet de lois étaient très investis dans une affaire qui tenait plus du combat que du débat, chaque camp brandissant ses arguments comme autant d’évidences.
Du coté des antis, les slogans étaient simples : « un père et une mère, c’est élémentaire », « nous sommes tous nés d’un père et d’une mère ». De l’autre côté, mêmes évidences simples : « supprimons les discriminations », « le droit au mariage pour les homosexuels est un progrès », « c’est un droit qui ne fait rien perdre aux hétérosexuels ».
Devant des affirmations ainsi assenées comme des évidences, il n’y a pas de place pour le débat. D’ailleurs si vous êtes contre le mariage pour tous, vous êtes homophobe et si vous êtes pour, vous voulez le malheur des enfants ! Comment d’ailleurs avoir un débat quand la conviction n’est pas née de l’analyse, mais que les arguments sont venus nourrir une conviction préalable ?
Les esprits sont tellement échauffés que malgré la promulgation de la loi, certains antis ne désarment pas : on ne voit pas très bien quel est l’objectif de la manifestation annoncée pour le 26 mai, à part enlever toute envie au gouvernement de passer à la deuxième étape avec une loi sur la famille qui comprendrait l’ouverture de la PMA aux homosexuelles, voire la GPA pour les couples d’hommes.
Chaque camp a pris position sur le périmètre qui lui assurait une majorité dans l’opinion : celle-ci adhère relativement largement à l’idée du mariage homosexuel et ses partisans insistent sur la fin d’une discrimination supposée. Mais une courte majorité est contre l’adoption : les partisans du mariage gay ont insisté sur le lien entre mariage et organisation de la filiation.
J’ai pu lire dans mon journal préféré que la principale conséquence de la loi fût de reconnaitre la filiation dans un couple d’homosexuelle en cas de PMA, l’article précisant que celle-ci devant être pratiquée en Espagne ou en Belgique puisqu’elle n’est pas autorisée en France : comment ne pas mieux dire que le débat a été faussée, puisqu’il n’a pas conduit à examiner sérieusement ce qui serait la principale conséquence de la loi ?
Faut-il autoriser la PMA pour les homosexuelles : j’avoue avoir du mal à avoir une position claire sur une question qui me parait avant tout complexe, mais on ne peut pas dire que le débat a pu m’éclairer. Sur la GPA, j’ai plus de réticences spontanées (de toutes manières, une homosexuelle a bien d’autres moyens de se faire faire un enfant), mais là aussi ce n’est pas le débat qui m’aura fait voir les multiples facettes du problème : autoriser la PMA et pas la GPA serait pourtant faire une discrimination, ce qui montre la limite de l’argument sur ce sujet. Et à propos d’arguments, je me demande lesquelles seront mis en avant pour empêcher le mariage à trois ou la polygamie d’adultes consentants !
Des foules se sont mobilisées pour ou contre cette loi. Dans le même temps, plus de la moitié des enfants naissent hors mariage, 20% des enfants vivent dans des familles monoparentales, parce que leurs parents ont préféré courir d’autres lièvres, parce que leur mère ne supportait plus la violence de son conjoint, ou pour d’autres multiples raisons, bonnes ou mauvaises. Dans un nombre non négligeable de cas, le père s’est toujours désintéressé de son enfant, parfois la mère a décidé dès le départ de se faire faire un enfant et de l’éduquer seul. La possibilité pour un couple homosexuel d’adopter fait débat mais qu’un (souvent une) célibataire puisse le faire semble ne gêner personne… Il me semble que ce sont des problèmes de société importants. Il est vrai qu’ils ne seront certainement pas résolus par une loi !
Je ne pense pas que cette loi soit une grande loi progressiste ni la calamité que certains y voient. Mais on ne pourra probablement pas en juger avant quelques années…ou décennies !
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